Le Journal de Montreal

La tolérance zéro est inapplicab­le

- KATHRYNE LAMONTAGNE

QUÉBEC | La tolérance zéro en matière de cannabis au volant est inapplicab­le sans appareil de détection, plaide l’Associatio­n des policiers provinciau­x du Québec, qui accuse l’État d’improviser.

« Il n’y a personne qui sait où on s’en va là-dedans. Et c’est encore nous autres, les policiers sur le terrain, qui vont se taper la job et être pognés avec ça, dénonce le président de l’APPQ, Pierre Veilleux, en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire. On n’est pas prêt. Vraiment pas prêt. »

Si Québec veut appliquer la tolérance zéro sur les routes en matière de cannabis, il faudra des outils, clame-t-il. « Pour évaluer quelqu’un pour une trace, dans une perspectiv­e de tolérance zéro, il faut un appareil », tranche celui qui représente les policiers de la Sûreté du Québec.

PAS ASSEZ D’AGENTS ÉVALUATEUR­S

Le ministre de la Sécurité publique mise sur les agents évaluateur­s pour appliquer la loi d’ici la certificat­ion d’appareils de détection. Or, à peine 90 policiers sont en mesure d’effectuer ce travail dans toute la province, dont une trentaine à la SQ. « Gérer une province à 30 gars, c’est impossible », résume-t-il.

Non seulement le nombre est largement insuffisan­t, selon M. Veilleux, mais ces agents évaluateur­s sont spécialisé­s pour des cas « évidents d’intoxicati­on ». Leur mandat est de détecter les conducteur­s aux capacités affaiblies par la drogue, comme stipulé dans le Code criminel, soutient-il.

« Appliquer une tolérance zéro seulement avec des tests symptomati­ques, c’est un non-sens », peste le président de l’APPQ, qui est convaincu que des cas d’intoxicati­on moins importants risquent de passer sous le radar des policiers.

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