La tolérance zéro est inapplicable
QUÉBEC | La tolérance zéro en matière de cannabis au volant est inapplicable sans appareil de détection, plaide l’Association des policiers provinciaux du Québec, qui accuse l’État d’improviser.
« Il n’y a personne qui sait où on s’en va là-dedans. Et c’est encore nous autres, les policiers sur le terrain, qui vont se taper la job et être pognés avec ça, dénonce le président de l’APPQ, Pierre Veilleux, en entrevue avec notre Bureau parlementaire. On n’est pas prêt. Vraiment pas prêt. »
Si Québec veut appliquer la tolérance zéro sur les routes en matière de cannabis, il faudra des outils, clame-t-il. « Pour évaluer quelqu’un pour une trace, dans une perspective de tolérance zéro, il faut un appareil », tranche celui qui représente les policiers de la Sûreté du Québec.
PAS ASSEZ D’AGENTS ÉVALUATEURS
Le ministre de la Sécurité publique mise sur les agents évaluateurs pour appliquer la loi d’ici la certification d’appareils de détection. Or, à peine 90 policiers sont en mesure d’effectuer ce travail dans toute la province, dont une trentaine à la SQ. « Gérer une province à 30 gars, c’est impossible », résume-t-il.
Non seulement le nombre est largement insuffisant, selon M. Veilleux, mais ces agents évaluateurs sont spécialisés pour des cas « évidents d’intoxication ». Leur mandat est de détecter les conducteurs aux capacités affaiblies par la drogue, comme stipulé dans le Code criminel, soutient-il.
« Appliquer une tolérance zéro seulement avec des tests symptomatiques, c’est un non-sens », peste le président de l’APPQ, qui est convaincu que des cas d’intoxication moins importants risquent de passer sous le radar des policiers.