Le New York Times aura son correspondant à Montréal
Le Québécois Dan Bilefsky rentre au bercail après près de 30 ans à l’étranger
Pour la première fois en plus de 70 ans, le prestigieux New York Times aura un journaliste à Montréal, qui parlera autant de politique et de langue française que de Xavier Dolan et de bagels.
« J’étais un grand nerd au secondaire, toujours en train d’étudier [...] donc je reviens à Montréal avec un sens de l’aventure. C’est l’opportunité de découvrir mon pays et ma province », se réjouit Dan Bilefsky au téléphone, rejoint à Londres à sa dernière journée de travail à l’étranger, dans un français à peine cassé.
Après avoir travaillé à Paris, Bruxelles et Prague, entre autres, il sera dès lundi correspondant à Montréal pour le plus grand quotidien des États-Unis, le New York Times, le premier dans la Belle Province depuis 1940.
L’annonce a d’ailleurs été faite en français, quelques jours seulement après l’affaire Adidas, quand le gérant montréalais d’une nouvelle boutique n’a prononcé que quelques mots en français.
Dan Bilefsky a traversé l’Europe pour y couvrir des élections, la montée du nationalisme et des attentats terroristes. Il publiera aussi sous peu un livre sur des voleurs de diamants aînés de Londres.
Celui qui se décrit comme « le fils qui a fui » rentre au bercail, où vit encore toute sa famille. Son père, dit-il, est un néphrologue (spécialiste des reins) de 81 ans, qui pratique toujours. Sa soeur travaille dans les affaires.
Il est né à Montréal dans les années 1970 et a grandi dans le quartier Snowdon. Mais une fois ses études secondaires terminées, il est parti à la conquête du « rêve américain » en allant à l’université à Philadelphie, aux États-Unis. Il a ensuite étudié à Oxford, en Grande-Bretagne.
MONTRÉAL DIFFÉRENT
Parti depuis 1989, M. Bilefsky n’est revenu que quelques fois à Montréal, mais il trépigne d’impatience à l’idée de retrouver la métropole, qui a beaucoup changé selon lui.
Il se rappelle avoir grandi dans un « climat social chargé », à l’époque des référendums. Il voit la jeune génération de Québécois plus confiante, une génération bilingue aux ambitions mondiales, explique le journaliste.
Il compte certainement s’intéresser aux questions identitaires, alors que la Catalogne en Espagne ou l’Écosse au RoyaumeUni parlent aussi de souveraineté.
Arrière-petit-fils d’un immigrant de l’Europe de l’Est, il entend aussi se pencher sur les politiques d’immigration. Le pays, dit-il, est un modèle progressif et il veut explorer comment cela se vit sur place.
M. Bilefsky parle d’ailleurs avec fierté de son arrière-grand-père venu à Montréal il y a plus d’un siècle comme marchand de fruits ambulant ou de la façon que son bisaïeul aux cheveux roux et à l’allure modeste a réussi à séduire une jolie et fière Québécoise dans une cour d’école, en lui lançant un bout de craie pour attirer son attention.
UN FOODIE
Ce foodie compte également faire rayonner la gastronomie montréalaise. Au-delà des bagels et du smoked meat qui font sa renommée, Montréal est une véritable « capitale de la nourriture », dit-il.
Mordu de culture, il veut aussi faire découvrir le vedettariat québécois aux lecteurs du New York Times. « Tout le monde connaît Céline [Dion], mais il y a d’autres artistes super intéressants et inconnus dès qu’on se rend en Ontario », souligne M. Bilefsky.
Il aime notamment les films de Xavier Dolan et écouter les rappers québécois.