Un pasteur controversé à Montréal
Une vedette de l’évangélisme camerounais a été éclaboussée par un scandale économique dans son pays
Un pasteur vedette de l’évangélisme camerounais a trouvé refuge au Québec pour échapper à un scandale financier dans lequel il est impliqué en Afrique. L’homme a ouvert une église à Montréal où il promet à ses fidèles des miracles et des prophéties lors de services religieux survoltés.
Le pasteur Dieunedort Kamdem, qui se présente comme un prophète, affirme guérir les maux de tête ou les douleurs à l’estomac de ses fidèles en posant ses mains sur eux ou en leur soufflant au visage (voir texte ci-contre).
Il donne ce soir une conférence lors de laquelle il prétend livrer les secrets permettant d’épouser quelqu’un en six mois. Le prix d’entrée est de 50 $.
M. Kamdem explique que les pasteurs peuvent aborder des thèmes qui semblent éloignés de la religion à première vue pour ancrer la parole biblique dans le quotidien des gens.
L’homme de 40 ans, qui a ouvert son église montréalaise dans le quartier Rosemont au début du mois d’octobre, affirme ainsi n’avoir aucune gêne à parler d’argent malgré son statut de pasteur.
En Afrique, Dieunedort Kamdem demande régulièrement à ses fidèles de déposer à ses pieds des billets de banque en échange d’une « bénédiction financière ».
« Je pense que l’Église doit apprendre aux gens à gérer leur argent, explique celui que l’on surnomme le « général de Dieu ». J’enseigne d’ailleurs cela puisque je suis aussi un coach de motivation. »
PLACEMENTS À RISQUE
Au Cameroun, la Commission des marchés financiers lui reproche d’avoir incité plusieurs de ses fidèles à investir dans des placements à risque sur le marché des devises.
Là-bas, le pasteur Kamdem a bâti un véritable empire financier comprenant quatre stations de radio, un journal et une chaîne de télévision, comme le rapporte un article du journal Le Monde. Quant à son mouvement, la « Cathédrale de la foi », il revendique 10 000 fidèles, 40 églises et 120 pasteurs répartis entre le Cameroun, le Gabon, la Côte d’Ivoire, les États-Unis et l’Italie.
Les affaires florissantes du pasteur ont toutefois connu un coup d’arrêt après qu’un reportage de la chaîne Canal +, diffusé en mai, l’a montré en train d’inciter des fidèles à investir dans une entreprise privée, Gesem Forex Trading.
Celle-ci promettait de placer leur argent sur le marché des devises et de leur offrir d’alléchants profits, allant jusqu’à 600 $ canadiens par mois pour un investissement initial de 2000 $.
Quelques semaines après la diffusion du reportage, la Commision des marchés financiers du Cameroun publiait une mise en garde contre cette campagne de collecte de fonds.
L’organisme indiquait que Gesem Forex Trading, qui aurait récolté des fonds auprès de 300 personnes, ne remplissait pas « les conditions requises pour procéder à des opérations de collecte publique de fonds ».
PROBLÈMES
Dieunedort Kamdem reconnaît à demimot que c’est cette affaire, largement relayée par les médias camerounais, qui l’a poussé à s’installer à Montréal à la fin de l’été.
« J’étais à Haïti et je devais initialement rentrer au Cameroun, a-t-il expliqué. Mais nous avons connu quelques problèmes au pays et certains de mes proches m’ont conseillé d’attendre que les choses se calment. »
Le Journal souhaitait interroger M. Kamdem sur ses liens avec Gesem Forex Trading, mais n’en a pas eu l’occasion, puisque le pasteur nous a mis à la porte de son église après que nous ayons refusé de lui faire lire cet article avant publication.
Récemment, M. Kamdem expliquait au site cameroonweb.com avoir recommandé l’entreprise à ses fidèles de bonne foi en pensant qu’elle pourrait « aider des Camerounais à sortir de la souffrance ».
« JE PENSE QUE L’ÉGLISE DOIT APPRENDRE AUX GENS À GÉRER LEUR ARGENT » – Dieunedort Kamdem, pasteur