Décès du fondateur d’une petite institution culinaire
Le propriétaire du mythique Beauty’s est décédé lundi après 75 ans de service
Le décès d’Hymie Sckolnick, fondateur du célèbre restaurant montréalais le Beauty’s, représente la perte d’un mentor pour les restaurateurs montréalais, selon le copropriétaire du Joe Beef, David McMillan.
La légende de la scène culinaire montréalaise a rendu son dernier souffle lundi, à l’âge de 96 ans. Le chef et copropriétaire du Joe Beef, David McMillan, l’a rencontré pour la première fois lorsqu’il commençait tout juste sa carrière dans la restauration, il y a 26 ans de cela.
Aller manger des crêpes au Beauty’s, ce diner mythique du coin Mont-Royal et Saint-Urbain fondé en 1942, était à cette époque une activité de prédilection pour M. McMillan. Il se remémore un homme drôle et gentil; un réel « phénomène » comme on n’en voit plus aujourd’hui.
« Pour tous les gens de la restauration, il était comme un mentor », mentionne celui qui retourne encore au moins une fois par an au Beauty’s pour prendre un bon déjeuner.
« Toutes les fois que j’y allais, il suivait ma carrière. Il est venu au Joe Beef quand je l’ai ouvert. »
BLAGUEUR
M. McMillan se souvient aussi de sa force de caractère, mais toujours balancée par ses « bonnes jokes ».
« Si tu traînais trop longtemps à la table, il avait une manière brusque, mais très drôle et gentille, de dire : “Dégage, il y a d’autre monde qui veut manger”, et j’adorais ça. Je m’en suis un peu inspiré ! »
M. Sckolnick a été pendant 75 ans à la tête de « l’un des derniers vrais diners en Amérique du Nord. » D’un ton amusé, M. McMillan se souvient lui avoir suggéré il y a quelques années de prendre sa retraite, une idée qui n’a jamais traversé la tête de l’homme passionné. Il y a deux mois, il travaillait encore 7 jours sur 7.
Devant le Beauty’s, exceptionnellement fermé hier en raison du service funéraire en l’honneur de M. Sckolnick, la brigadière Fatima Doufik a tenu à souligner le « grand coeur » et la générosité de l’homme.
« Ça fait dix ans que je le vois tous les jours. Il me ramène parfois de la soupe et des sandwichs. Il me laissait même entrer dans le couloir où il y a du chauffage quand il fait froid, » raconte-t-elle. « C’était un père pour nous. »
Pour la serveuse au Beauty’s depuis plus de trois ans Zoe Christmas, le dévouement au travail de M. Sckolnick a aussi contribué à la grande renommée du restaurant.
« Il accueillait presque toutes les personnes qui passaient la porte et il allait souvent directement aux tables pour s’assurer que tout était OK. On ne voit plus ça. Ça faisait très old school et c’est très rare de voir quelqu’un d’aussi dévoué à son travail, » remarque-t-elle.
« IL ME TRAITAIT COMME SI J’ÉTAIS DE LA FAMILLE. TOUT LE MONDE ÉTAIT DE LA FAMILLE. C’ÉTAIT UN GRAND HOMME ». – P.K. Subban