Le Journal de Montreal

La voiture perd du terrain en ville

Statistiqu­e Canada dévoile de nouvelles données sur la mobilité, la langue, le travail et l’éducation

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | La voiture règne toujours en maître sur les routes du pays, mais elle perd du terrain dans les grandes villes comme Montréal au profit du transport en commun, confirment les plus récentes données de Statistiqu­e Canada rendues publiques hier.

« Ça traduit peut-être l’écoeuranti­te aiguë de la congestion routière, des travaux et de la difficulté à se déplacer », soutient la professeur­e au départemen­t d’études urbaines à l’Université du Québec à Montréal Florence Juncat-Adenot.

Statistiqu­e Canada a dévoilé hier la dernière série de données issues du recensemen­t 2016 portant sur les thèmes de la scolarité, du travail et du déplacemen­t domicile-travail (voir autres textes).

Pour la première fois, la proportion des travailleu­rs de la grande région de Montréal utilisant la voiture pour se rendre au bureau est passée sous la barre psychologi­que des 70 %. Cela ne veut toutefois pas dire que les automobili­stes sont moins nombreux sur les routes. Leur nombre augmente sans cesse, mais leur proportion, elle, diminue par rapport aux autres modes de transports.

Les automobili­stes de la région montréalai­se passent d’ailleurs autant de temps sur les routes pour se rendre au travail aujourd’hui par rapport à il y a cinq ans, soit en moyenne 27 minutes.

« Ça veut dire que le niveau de congestion reste le même et qu’on n’arrive pas à prendre le dessus sur un des coeurs du problème », soutient Mme Juncat-Adenot.

SOMMET

La part des travailleu­rs utilisant le transport en commun atteint quant à lui des sommets partout au pays, ayant augmenté d’un peu plus de 2 % en 20 ans. La métropole québécoise n’échappe pas à cette tendance : 22 % des travailleu­rs de la grande région de Montréal utilisent chaque jour le train, le bus ou le métro pour se déplacer en ville.

« À Montréal, la baisse de la proportion de personnes se rendant au travail en véhicule a été presque entièremen­t contrebala­ncée par une hausse de l’utilisatio­n du transport en commun », écrit l’agence fédérale de la statistiqu­e.

La voiture perd aussi un peu de terrain dans la ville de Québec (82 % à 80 % de 2011 à 2016). Mais les résidents de la capitale nationale sont plus attachés à leurs bagnoles que les habitants d’autres villes de taille semblable comme Calgary (78 %) Winnipeg (79 %) et OttawaGati­neau (72 %), note Statistiqu­e Canada.

À Montréal et Québec, un peu plus de 7 % des gens préfèrent marcher ou pédaler pour se rendre au bureau. Quant à Trois-Rivières, Saguenay et Sherbrooke, l’utilisatio­n de la voiture oscille autour de 90 %.

INVESTISSE­MENTS

Selon Mme Juncat-Adenot, l’intérêt grandissan­t depuis 20 ans pour le transport en commun doit « déclencher une augmentati­on de l’offre de services » pour éviter une « saturation ».

Le temps de parcours moyen des travailleu­rs montréalai­s en transport en commun oscille autour de 44 minutes.

« Il n’y a pas de miracle, ça prend plus d’autobus et plus de voies réservées pour ne pas qu’ils se retrouvent au milieu des voitures », dit la professeur­e.

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