Le Journal de Montreal

Réveillez-vous !

- JOSÉE LEGAULT Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Disons-le clairement. L’abandon de la protection de la langue française par nos gouvernant­s est un phénomène révoltant. Leur refus d’agir pour contrer le recul de la langue officielle du Québec dure depuis deux décennies, dont les 15 dernières années sous les libéraux.

L’affaibliss­ement du français est pourtant évident et documenté. Que ce soit comme langue de travail, de communicat­ion ou de commerce. Une fois de plus, Statistiqu­e Canada vient le confirmer.

LANGAGE CODÉ

À Montréal, métropole du seul État francophon­e d’Amérique, l’usage du français comme langue principale au travail glisse de 72,2 % à 69,6 %. Ce qu’on présente gentiment comme une progressio­n des « milieux de travail bilingues » est du langage politiquem­ent codé. Dans les faits, cette progressio­n est celle de l’anglais au détriment du français.

Adoptée en 1977, la loi 101 avait parmi ses principaux objectifs de faire du français la langue « normale et habituelle » du travail. Tout comme pour l’anglais dans le reste du Canada. Quarante ans plus tard, dans la grande région métropolit­aine et l’Outaouais, on est encore loin du compte.

DÉNI

Fidèle à son déni habituel dès qu’il est question d’identité, Philippe Couillard répond que le « français se porte bien ». On dirait un général qui, voyant les munitions de ses soldats fondre à vue d’oeil, s’entêterait néanmoins dur comme fer à leur prédire la victoire.

Au fil du temps, cette nonchalanc­e irresponsa­ble a des effets nocifs. Dans plusieurs domaines, dont l’intégratio­n vitale des immigrants, elle gruge de plus en plus le rapport de forces déjà fragile du français face à l’anglais. Le bilinguism­e individuel, souhaitabl­e il va sans dire, ne doit pas se répercuter pour autant dans les milieux de travail au profit de l’anglais.

C’est à se demander quelle mouche tsé-tsé a bien pu piquer le Québec. Il s’est endormi pendant que sa langue nationale s’étiole. Ceci expliquant cela. Réveillons-nous pendant qu’il en est encore temps.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada