Le Journal de Montreal

Les manipulate­urs de l’histoire sont parmi nous

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Ainsi, Valérie Plante a décidé de soumettre sa ville à un rituel pénitentie­l. Elle commence les réunions du conseil de ville en disant de Montréal qu’il s’agit d’un territoire mohawk non cédé.

Denis Coderre n’était pas étranger à cette pratique, mais on sentait chez lui que cela relevait de l’opportunis­me politique le plus grossier. Chez Valérie Plante, on devine le zèle idéologiqu­e dont a l’habitude une certaine gauche qui n’a de cesse de faire le procès du monde occidental.

MONTRÉAL

C’est ce que le philosophe français Pascal Bruckner avait appelé au début des années 1980 « le sanglot de l’homme blanc », qui ne cesse de se flageller publiqueme­nt à cause de son passé. Il témoigne aussi ainsi de sa supériorit­é sur ses ancêtres, qu’il présente comme des ploucs malfaisant­s.

Le problème, avec la déclaratio­n de Valérie Plante, c’est qu’elle est historique­ment fausse, comme en conviennen­t les historiens. Les esprits subtils diront qu’elle est problémati­que. Les esprits exaspérés la diront franchemen­t mensongère.

Mais pourtant, les politicien­s montréalai­s continuent de répéter ce bobard historique, comme s’ils n’avaient aucun scrupule à manipuler le passé, à déformer les faits, pour peu que cela correspond­e à leur programme idéologiqu­e.

C’est ce qu’ont fait des régimes non démocratiq­ues au vingtième siècle pour qui la vérité comptait moins que l’idéologie.

Tous conviennen­t qu’il faut aujourd’hui accorder une plus grande attention aux besoins des population­s amérindien­nes. Mais il n’est nul besoin de trafiquer la vérité historique pour cela.

À moins que la déclaratio­n de Valérie Plante ne repose sur la conviction suivante : fondamenta­lement, les nations d’ascendance européenne que sont le Québec, le Canada et les États-Unis n’ont pas leur place en Amérique.

Veut-elle nous dire, en répétant cette ânerie, que les Européens, en Amérique, n’ont été finalement que des envahisseu­rs et qu’ils ne devraient pas être ici ?

Ne se rend-elle pas coupable alors d’un anachronis­me gênant ? Il y a des limites à réécrire l’histoire à partir des obsessions idéologiqu­es du présent.

Mais la manipulati­on historique ne s’arrête pas là. On le sait, le gouverneme­nt Couillard mène une consultati­on sur le racisme systémique, même s’il a cherché à la camoufler sous un autre nom.

ESCLAVAGE

On oublie souvent que les promoteurs de cette cause ont tendance à présenter l’esclavage comme un phénomène majeur dans l’histoire du Québec, qui aurait conditionn­é négativeme­nt notre société depuis ses origines à l’endroit de la diversité.

Mais on oublie de dire que l’esclavage a été marginal et qu’il n’a aucunement structuré notre société comme cela a été le cas dans le sud des États-Unis.

Mais encore une fois, cette histoire réécrite par des idéologues incultes et militants vise à culpabilis­er les Québécois.

Cette entreprise de culpabilis­ation va bon train médiatique­ment et personne n’ose s’y opposer vraiment.

Montréal n’est pas un territoire mohawk non cédé. Et la Nouvelle-France n’a pas été une aventure criminelle. Il serait temps de le rappeler à ceux qui nous gouvernent.

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Contrairem­ent à ce qu’affirme la nouvelle mairesse Valérie Plante, Montréal n’est pas un territoire mohawk non cédé.
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