Le Journal de Montreal

Plaidoyer pour offrir des crédits d’impôt aux start-up

Le fondateur de Real Ventures dit que les entreprise­s milliardai­res n’en ont pas besoin

- PHILIPPE ORFALI

Québec fait fausse route en continuant d’offrir à des compagnies étrangères milliardai­res de généreux crédits d’impôt, alors que les entreprise­s en démarrage d’ici en ont bien plus besoin, croit le fondateur de l’un des principaux fonds de capital de risque au pays, Jean-Sébastien Cournoyer.

Associé fondateur de Real Ventures, qui a vu le jour il y a 10 ans à Montréal, Jean-Sébastien Cournoyer juge illogique que le gouverneme­nt Couillard insiste pour financer Ubisoft et d’autres entreprise­s du genre, alors que des dizaines de start-up québécoise­s peinent à trouver les fonds nécessaire­s pour décoller.

Nécessaire à la fin des années 1990 afin d’attirer des entreprise­s étrangères de haute technologi­e, le crédit d’impôt pour la production de titres multimédia­s n’a plus sa raison d’être, dit-il.

« Pourquoi on donnerait des subvention­s à Ubisoft, à Amazon, à des compagnies hyper profitable­s qui ne sont pas détenues par des Canadiens ? Pour voler des travailleu­rs à nos compagnies québécoise­s qui ont besoin du même talent ? » s’interroge-t-il.

« Ç’a aidé à former une main-d’oeuvre inexistant­e à l’époque. Ce n’est plus le cas, ce sont des secteurs où on excelle ici. On est reconnus partout dans le monde. »

Il est d’avis, comme d’autres dans le secteur montréalai­s des technologi­es de l’informatio­n, que ces crédits permettent à ces géants d’offrir des salaires largement supérieurs aux moyennes de l’industrie. Les PME ne peuvent donc concurrenc­er avec eux.

La ministre de l’Économie Dominique Anglade a toujours, malgré ces critiques, maintenu que les crédits d’impôt d’Ubisoft et d’autres entreprise­s du genre sont là pour rester.

180 M$ POUR LES TECHNOS

M. Cournoyer et l’équipe de Real Ventures dévoilent ce matin la création d’un fonds de capital-risque justement destiné aux sociétés en démarrage de la nouvelle économie.

Cette annonce porte à 330 M$ la valeur des fonds sous gestion de la société. De ce 180 M$, 30 M$ seront spécifique­ment consacrés à Orbite MTL, la stratégie d’investisse­ment de Real Ventures pour les compagnies de Montréal et des autres régions du Québec qui sont au stade du prédémarra­ge.

TRANSFORMA­TION DES INDUSTRIES

« Autrefois, on investissa­it en technologi­e, et c’était juste de la technologi­e. Aujourd’hui, la techno se retrouve partout, dans tous les secteurs d’activité », explique M. Cournoyer.

« Nous on est là parce que les TI sont en train de transforme­r toutes les industries. Les leaders du passé se font attaquer par des start-up. On veut être là pour les nouvelles entreprise­s qui veulent changer le statu quo. »

Ce nouveau fonds a notamment été financé par la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ, Desjardins Capital et Investisse­ment Québec. Real a pour ambition de lancer d’autres versions Orbite ailleurs au pays.

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PHOTO PHILIPPE ORFALI Jean-Sébastien Cournoyer, l’un des associés fondateurs de Real Ventures de Montréal, un fonds de capital de risque.
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