Le Journal de Montreal

RANGEZ VOTRE GUITARE, JEUNES MUSICIENS !

Le rock n’a vraiment plus la cote, sauf pour les groupes aux carrières établies

- Cédric Bélanger

Tu es musicien et tu rêves d’une carrière internatio­nale ? J’ai un conseil pour toi. N’achète pas de guitare. Et si tu en possèdes une, mets-la en vente sur eBay. Elle ne te sera pas utile dans ta quête de gloire.

Le rock vit des heures sombres. Du moins dans ce qu’on appelle la culture de masse, le « mainstream » si vous préférez.

L’organisati­on des Grammy Awards lui a porté un dur coup, en début de semaine, en excluant les artistes rock des citations dans les quatre catégories de pointe que sont l’album, la chanson, l’enregistre­ment et le nouvel artiste de l’année.

Du jamais-vu, en tout cas si on accepte comme du rock le « country » et « roots rock » de Sturgill Simpson, seul intrus dans un océan de nommés en provenance de la mouvance des musiques urbaines, l’année dernière.

Désormais, à la remise de prix musicale, la plus prestigieu­se aux ÉtatsUnis, le rock n’est plus qu’un genre marginal qui ne peut plus compter que sur les catégories qui lui sont spécifique­ment dévolues, comme le jazz, la musique classique ou americana, pour obtenir une vitrine.

LE HIP-HOP RÈGNE

Dans les faits, le rock en tant que phénomène de masse agonise depuis un certain temps. Pas pour rien que les médias spécialisé­s décrètent sa mort à tout moment pendant que le hip-hop, le R&B et l’électro-pop s’installent au sommet des palmarès.

Dans le cas du hip-hop, dont les porte-étendard aux Grammy seront Jay-Z et Kendrick Lamar, avec respective­ment huit et sept nomination­s chacun, ce n’est que justice.

Il y a longtemps que ce genre musical est le plus foisonnant. On n’a qu’à se rappeler l’émergence des Run-DMC, Public Enemy et NWA, dans les années 1980. Or, il a fallu des décennies pour que les bonzes de l’industrie lui reconnaiss­ent son statut de nouveau leader dans le paysage musical moderne. Il était plus que temps.

N’empêche, je trouverais dommage que le rock disparaiss­e complèteme­nt du paysage. On a encore besoin de se faire brasser par des riffs de guitare. Encore cette année, on a applaudi les nouvelles parutions des Foo Fighters et des frères Liam et Noel Gallagher. Absents depuis deux ans, les Black Keys devraient ressurgir un jour. Idem pour Jack White.

VÉTÉRANS VS RELÈVE

Dans les festivals, les rockeurs font encore courir les foules. À Québec cet été, les Metallica, Muse et The Who ont rempli les Plaines.

On notera cependant que tous les artistes que je viens de citer sont des vétérans qui ont des décennies de musique à leur compteur.

Du côté de la relève, c’est presque le désert. Il y a eu les Britanniqu­es Royal Blood, mais leur deuxième album a déçu et on peut se demander quelle sera la suite.

Des nouveaux venus excitants comme Greta Van Fleet, dont le son évoque sans gêne celui de Led Zeppelin, ont fait réagir au cours des derniers mois. Mais, il faut l’avouer, c’est l’exception qui confirme la nouvelle règle.

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PHOTO D’ARCHIVES AFP Des groupes tels Metallica ont encore la cote. Mais la relève peine à se tailler une place.
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