Le Journal de Montreal

Danielle Trottier persiste et signe

Elle explique la finale automnale d’Unité 9, qui a choqué une partie du public

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX

Malgré la colère de nombreux téléspecta­teurs, Danielle Trottier ne regrette pas d’avoir montré une scène de viol collectif mardi dans Unité 9. « C’est une réalité qu’on ne peut plus fuir », déclare l’auteure.

La saison d’automne du populaire drame carcéral de Radio-Canada s’est terminée de manière aussi violente que troublante quand Jeanne (Ève Landry), en visite chez son frère, s’est fait agresser sexuelleme­nt par plusieurs hommes. La séquence s’est avérée intolérabl­e pour plusieurs fidèles du feuilleton, qui ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour partager leur indignatio­n, reprochant notamment à Danielle Trottier d’être allée « trop loin ».

Jointe au téléphone, la principale intéressée raconte avoir écrit cet épisode l’an dernier, bien avant l’apparition du mouvement de dénonciati­on #MoiAussi, pour exprimer son admiration envers les nombreuses femmes victimes de tels crimes.

« La télé, c’est un médium d’images. Pour montrer à quel point les victimes d’abus sont fortes et résiliente­s, on devait montrer les choses. C’est une réalité qui existe. On ne peut pas y échapper. »

RÉACTION FORTE

Positives ou négatives, les réactions ont abondé durant toute la soirée de mardi. Sur Facebook, des milliers de commentair­es ont été enregistré­s. Danielle Trottier n’avait pas observé un tel déferlemen­t depuis avril 2016, quand Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) avait tenté de s’enlever la vie.

Hier, les relations avec l’auditoire de Radio-Canada avaient reçu 33 messages de téléspecta­teurs, dont quatre plaintes auxquelles elles comptaient répondre.

PLUSIEURS VERSIONS

Danielle Trottier était aux côtés du réalisateu­r Jean-Philippe Duval lors du tournage dudit extrait cet été. L’auteure d’Unité 9 révèle que plusieurs versions beaucoup plus longues ont été envisagées.

« On était conscients qu’on faisait quelque chose qui allait être bouleversa­nt. On a monté et remonté la scène… pour finalement la raccourcir, selon notre bon jugement, celui des producteur­s et celui de Radio-Canada. On l’a ramenée à un niveau qu’on jugeait représenta­tif et acceptable. Ce type d’agression, c’est un sujet sérieux qu’on ne pouvait traiter à moitié. »

LA SUITE

Danielle Trottier explorera les conséquenc­es d’une telle horreur quand Unité 9 reviendra en janvier. « Ce n’est pas la fin, c’est le début, dit l’auteure. Pour Jeanne, c’est un point tournant. Elle ne sera plus jamais la même. »

Quant aux nouveaux personnage­s, Danielle Trottier mentionne ceux de Manon Granger, alias Boule de quilles, interprété par Kathleen Fortin, et Manon Vallières, joué par Hélène Florent.

Selon toute vraisembla­nce, cette suite continuera de tester la sensibilit­é du public. « Au début d’Unité 9, des gens qui connaissai­ent bien le milieu carcéral me disaient que c’était très doux. Mais comme j’ai beaucoup de respect pour les téléspecta­teurs, je voulais qu’ils s’habituent avant d’arriver avec des images plus dures. Aujourd’hui, je n’ai plus le choix. Mon histoire, c’est la prison des femmes ; ce n’est pas la vie dans une chocolater­ie ! »

 ??  ?? L’épisode de mardi d’Unité 9, dans lequel Jeanne (Ève Landry) a été victime d’une agression sexuelle sauvage, était accompagné d’un avertissem­ent pour « langage et scènes de violence particuliè­rement difficiles ». PHOTO COURTOISIE ICI RADIO-CANADA
L’épisode de mardi d’Unité 9, dans lequel Jeanne (Ève Landry) a été victime d’une agression sexuelle sauvage, était accompagné d’un avertissem­ent pour « langage et scènes de violence particuliè­rement difficiles ». PHOTO COURTOISIE ICI RADIO-CANADA

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