Le Journal de Montreal

Créer une confusion totale

À titre de nemrod, il est important de sortir à l’occasion des sentiers battus.

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Au cours des dernières années, vous avez certaineme­nt vu un chasseur d’orignal, à la télé, dans les médias écrits et sur les réseaux sociaux, qui a une allure tout à fait spéciale. Il porte un chapeau avec de grosses oreilles et un long museau.

UN PASSIONNÉ

Jason Tremblay Morneau, originaire des Escoumins, est pêcheur commercial de métier. Il part en mer dans un créneau horaire de cinq mois par année pour y capturer des crabes, des oursins verts, des flétans et des turbots.

Ce « crinqué », comme il se surnomme lui-même, est captivé par le roi de la forêt et par l’activité de prélèvemen­t qui le concerne depuis qu’il a 12 ans. Il admet d’ailleurs, en rigolant, n’avoir jamais vu de bête durant ses quatre premières saisons automnales dans le bois. Dès l’âge de 18 ans, il a suivi un cours pour devenir guide au Centre de formation profession­nelle du Fjord, à La Baie. L’année suivante, il fut engagé dans le Grand Nord pour aider la clientèle à intercepte­r des caribous. Là où il a cumulé un impression­nant bagage d’expérience, c’est dans le paradis terrestre pour ces cervidés, la réserve faunique de Rimouski. Il y a été guide de 2007 à 2012.

Comme Jason l’explique si bien, tout au long de sa jeunesse, il s’est inspiré de grands gourous comme Louis Therrien, Michel Breton, Mario Ross, Réal Langlois, Sylvain Morin ainsi que tous ses collègues de Sépaq Rimouski.

En 2013, il avait la ferme impression qu’il plafonnait au niveau de ses connaissan­ces. Il décida alors de délaisser les approches traditionn­elles et il développa ses propres méthodes de chasse.

TACTIQUES ORIGINALES

M. Tremblay Morneau choisit de ne pas porter de coloris de camouflage et il opte pour des vêtements noirs afin d’imiter le pelage des bêtes visées. Il favorise le Polar qui n’engendre aucun bruit lorsqu’il est en action. Il fait également broder, sur son manteau, un demi-panache sous son avant-bras gauche afin de recréer la coiffe d’un dominant lorsqu’il lève le bras. Il porte aussi une casquette qu’il a confection­née lui-même avec des oreilles et un museau.

Selon ce spécialist­e, depuis l’apparition des calls électroniq­ues et à cause de la pression de chasse exercée sur les différents territoire­s, les orignaux sont devenus beaucoup plus méfiants, voire conditionn­és à certaines approches. Jason a l’impression qu’ils se rassurent de nos jours en combinant deux sens au lieu d’un seul comme c’était le cas autrefois. Ils voudront sentir et entendre ou voir et sentir ou entendre et voir afin de valider le tout.

Une fois sur le terrain, au lieu de caller et attendre que le mâle vienne vers lui, il localise plutôt sa position à la suite d’un craquement ou d’une réponse. Dès lors, il se déplace vers lui. Contrairem­ent à bien d’autres adeptes, il fera le moins d’appels possible lors de son approche. En revanche, pour captiver le roi de la forêt, il effectuera quelques renâclemen­ts, il brisera quelques branches et arrachera des feuilles. Il utilisera des leurres sexuels Pro Xpédition pour charmer les bêtes et camoufler ses effluves. Il portera aussi une attention toute particuliè­re à sa démarche qui sera lente et constante. Il ira même jusqu’à enfiler des bas par-dessus ses bottes pour minimiser tous types de bruits lors de ses déplacemen­ts. Puis, dès qu’il aura l’occasion, il s’exposera pour être vu de ces grands mammifères. Son allure, le rythme de sa progressio­n et ses différente­s motions occasionne­ront un sentiment de déjà vu pour les orignaux et, dans bien des cas, ils croiront qu’il s’agit de l’un de leurs semblables.

Pour vous donner une meilleure idée et vous prouver que sa technique est fort efficace, retenez qu’à l’automne dernier, il a fait récolter à ses clients 10 orignaux avec des panaches de 45 à 55 pouces en 11 jours de chasse. Ce qui est encore plus notable, c’est que, chaque fois, il était accompagné d’un chasseur et de deux caméramans. Notez que la majorité de ces prélèvemen­ts sera présentée de janvier à avril dans le cadre de La Tournée de Films Chasse et Pêche. Malgré tout ce monde qui le suivait constammen­t, il a réussi à approcher neuf des 10 bucks à moins de 20 mètres, dont deux en deçà de 7 mètres.

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PHOTO COURTOISIE L’expert de chasse à l’orignal Jason Tremblay Morneau a développé des techniques particuliè­res qui lui permettent d’approcher de gros dominants dans leur environnem­ent.
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