Le Journal de Montreal

LICENCIÉ APRÈS 38 ANS

André Miller et 200 autres travailleu­rs de GE à La Prairie perdent leur emploi, ce qui n’empêchera pas Hydro-Québec de donner des contrats à l’entreprise.

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À quelques semaines de Noël, la multinatio­nale GE a annoncé la fermeture de l’usine de GE Power de La Prairie l’été prochain, entraînant la perte de leur emploi pour 200 travailleu­rs. Et HydroQuébe­c, qui est son principal client, entend continuer à lui octroyer des contrats malgré cette décision.

« Il y a des politiques qui protègent les emplois aux États-Unis et en France, mais on n’a rien de ça au Québec », déplore Hugues Rolland, président du Syndicat national des travailleu­rs en accessoire­s électrique­s. Plus de 93 syndiqués perdront leur travail en juin et une centaine d’autres dans les bureaux risquent de subir le même sort, note-t-il.

HYDRO-QUÉBEC

Le principal client de l’usine GE Power de La Prairie est Hydro-Québec, observe M. Rolland. GE Power a obtenu des contrats de la société d’État pour sécuriser ses chantiers et remplacer des produits. Hugues Rolland a tenté d’obtenir de la société d’État son appui pour préserver les emplois. « On ne l’a pas eu. Hydro-Québec a coupé les ponts avec nous », souligne-t-il.

Jointe par Le Journal, Hydro-Québec a dit qu’elle allait continuer à donner des contrats à l’entreprise américaine GE Power malgré sa décision de fermer ses installati­ons de La Prairie.

« Nous allons continuer de nous approvisio­nner auprès de GE parce qu’il n’y a aucune autre entreprise qui nous offre ces services sur le territoire du Québec », a confirmé Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec. Il ajoute que ces composante­s sont stratégiqu­es pour la société d’État.

PAS AUX ÉTATS-UNIS

La porte-parole de GE Canada Kim Warburton dit qu’il y a peu de chances que les contrats effectués à l’usine de La Prairie se fassent dorénavant aux États-Unis. « Ça sera du cas par cas. Il y a de plus fortes chances que le travail soit fait en Europe et en Amérique du Sud, bien avant les ÉtatsUnis », assure-t-elle.

Mme Warburton jure que c’est une baisse des commandes qui force la fermeture de l’usine de production québécoise. Jeudi dernier, GE a annoncé qu’elle supprimait 12 000 emplois dans son secteur énergie.

VISAGES LONGS

À l’heure du midi hier, les travailleu­rs comme André Miller, fileur électrique depuis 38 ans à l’usine, avaient le visage long. « Il y a beaucoup d’amertume et de colère », a laissé tomber l’homme qui perd son poste à quelques années de sa retraite.

Pour Harold Nadeau, aide-magasinier, la pilule est dure à avaler. « Juste avant les vacances de Noël, comme ça. C’est dur sur le moral un peu de venir travailler sachant que ça va fermer cet été », a-t-il exprimé.

La situation avait des airs de drame pour Philippe Lamarre, expéditeur à l’usine depuis deux ans. Le jeune homme pense devoir vendre sa maison… et retourner vivre chez ses parents pour s’en sortir. « C’est une claque dans la face », conclut-il.

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PHOTO FRANCIS HALIN Harold Nadeau, aide-magasinier, gagnait 28 $ l’heure à l’usine GE Power à La Prairie. Il dit avoir une pensée spéciale pour les travailleu­rs plus âgés que lui qui auront plus de difficulté­s à se trouver un nouvel emploi.
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ANDRÉ MILLER Travailleu­r

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