Le Journal de Montreal

Un projet convoité par Bibeau est mystérieus­ement annulé

L’entreprise de l’ex-argentier libéral était le plus bas soumission­naire

- ÉRIC YVAN LEMAY

L’ex-argentier libéral Marc Bibeau visé par une enquête criminelle de l’UPAC devra faire une croix sur le demi-million $ que lui aurait rapporté un contrat gouverneme­ntal à Saint-Hyacinthe. Le ministère de la Justice a mystérieus­ement changé d’idée et a annulé son projet pour de nouvelles salles d’audience, hier.

L’entreprise dirigée par Bibeau, Centre d’achats Beauward, avait soumis le prix le plus bas lors de l’appel d’offres en octobre dernier, pour un montant de 563 426 $.

L’entente devait permettre d’aménager une nouvelle salle d’audience, un bureau pour le juge, un pour les procureurs et une aire commune pour le palais de justice de Saint-Hyacinthe, où il manque présenteme­nt d’espace. Il s’agissait d’un contrat de cinq ans.

ANNULÉ HIER

Curieuseme­nt, le projet a été annulé en début d’après-midi, hier, à peine deux heures après un appel de notre Bureau d’enquête à la Société québécoise des infrastruc­tures (SQI).

C’est cette dernière qui avait eu le mandat du ministère pour la location et l’aménagemen­t des locaux. Le ministère de la Justice travaillai­t sur le dossier depuis au moins six mois.

Au moment où Beauward était favori pour remporter l’appel d’offres, notre Bureau d’enquête a publié un reportage sur les somptueux partys organisés durant lesquels Marc Bibeau réunissait plusieurs ministres libéraux et entreprene­urs dans sa luxueuse résidence de Beaconsfie­ld.

DES BÂTIMENTS MODULAIRES

Déjà, à la mi-novembre, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, avait dit que d’autres options étaient sur la table et que l’idée d’aménager des locaux hors du palais de justice n’était pas la plus « adéquate ».

Elle mentionnai­t notamment craindre pour la confidenti­alité des dossiers qui auraient dû être déplacés.

Il a toutefois fallu un mois pour conclure une réévaluati­on des besoins et annuler l’appel d’offres lancé en septembre dernier.

« La solution retenue consiste en l’installati­on de bâtiments modulaires en annexe au palais de justice de Saint-Hyacinthe », a indiqué l’attachée de presse, Isabelle Marier St-Onge.

PLUSIEURS BAUX

L’entreprise que dirige Marc Bibeau possède de nombreux contrats de location avec des organismes gouverneme­ntaux ou des sociétés d’État comme la Société des alcools du Québec (SAQ).

En avril dernier, notre Bureau d’enquête avait révélé que l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) a recensé 25 organismes publics qui ont des baux avec Centre d’achats Beauward.

La Vérificatr­ice générale a par la suite été mandatée pour examiner les contrats gouverneme­ntaux avec Bibeau, notamment leurs conditions d’octroi. Elle doit déposer son rapport en mai prochain.

Au début du mois de novembre, le journal

La Société québécoise des infrastruc­tures avait 45 jours après la date du

26 octobre pour annuler son appel d’offres pour le local décrit ci-dessous. Ce n’est toutefois qu’hier que l’appel d’offres a finalement été affiché comme étant annulé… deux heures après l’appel de notre Bureau d’enquête.

Le Courrier de Saint-Hyacinthe, qui avait été le premier à parler de l’appel d’offres pour le palais de justice, a indiqué que Beauward recherchai­t des locataires pour le complexe Johnson.

La tour de bureaux vient d’être construite tout près de l’endroit où se trouvait auparavant l’Hôtel des Seigneurs.

En plus de cette tour de bureaux, Beauward est impliqué dans la constructi­on d’un hôtel qui jouxtera le tout nouveau centre des congrès réalisé en partenaria­t avec la Ville de Saint-Hyacinthe.

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L’entreprise Centre d’achats Beauward, de Marc Bibeau, ex-argentier du Parti libéral, n’hébergera finalement pas de salles du palais de justice de Saint-Hyacinthe. PHOTO D’ARCHIVES
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