Le Journal de Montreal

Les règles seraient en faveur de l’industrie pétrolière et gazière

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Les règlements sur les forages pétroliers et gaziers que veut adopter le gouverneme­nt sont parmi les moins stricts en Amérique du Nord, d’après une étude menée par un regroupeme­nt d’avocats spécialisé­s en environnem­ent.

Ces règles prévoient qu’il soit permis aux compagnies pétrolière­s et gazières de forer à 150 m des maisons, alors qu’au Nouveau-Brunswick la norme est de 250 m. Elles prévoient aussi une distance minimale de 150 m entre un puits et une école, alors qu’en Colombie-Britanniqu­e la norme est de 1 km.

C’est ce qu’indique le Centre québécois du droit de l’environnem­ent (CQDE), un regroupeme­nt d’avocats, dans le mémoire qu’il rendra public aujourd’hui.

Le CQDE a adressé cette analyse à Québec vendredi, le dernier jour de la consultati­on publique sur quatre projets de règlement sur l’exploitati­on d’énergies fossiles qui doivent être adoptés prochainem­ent.

Lors du dépôt de ces projets de règlement en septembre, le ministre des Ressources naturelles de l’époque, Pierre Arcand, affirmait qu’ils étaient « les plus stricts » en Amérique du Nord.

POUR L’INDUSTRIE

Mais pour Me Karine Peloffy, directrice générale du CQDE, Québec s’est plutôt inspiré de l’Alberta, « où les règles ont été développée­s à la remorque de l’installati­on de l’industrie ».

« C’est taillé sur mesure pour l’industrie », renchérit Patrick Bonin, de Greenpeace.

Selon lui, les règlements ont été dictés de façon à permettre certains projets, dont celui de Pétrolia à Gaspé, où la compagnie a évoqué la possibilit­é de faire de la fracturati­on à 350 m des maisons, bien que les élus locaux s’y opposent.

« Les endroits qui ont fait un exercice de réflexion rigoureux ont plutôt opté pour interdire la fracturati­on », dit Me Peloffy.

C’est le cas dans les États de New York et du Vermont, et un moratoire est en place au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.

De plus, les règlements que propose le gouverneme­nt ne s’arriment pas à la loi sur l’eau, selon le CQDE, car ils permettrai­ent notamment aux compagnies de faire de la fracturati­on hydrauliqu­e à 400 m des aquifères.

Pourtant, en 2014, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent avait indiqué que les produits chimiques injectés à haute pression dans le roc lors d’une opération de fracturati­on hydrauliqu­e peuvent se disperser jusqu’à 600 m, contaminan­t l’eau souterrain­e sur leur passage.

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ME KARINE PELOFFY Directrice générale CQDE

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