Le Journal de Montreal

Nombre record de détenus de fin de semaine au Québec

Les « intermitte­nts » excédentai­res doivent s’entasser dans les gymnases des prisons

- – Avec la collaborat­ion de Marie-Christine Trottier Kathryne Lamontagne KLamontagn­eJDQ

Un nombre record de détenus de fin de semaine doit s’entasser dans les gymnases des prisons québécoise­s, qui sont loin d’avoir l’espace nécessaire pour accueillir ces contrevena­nts.

Le nombre de personnes condamnées à purger leur peine de façon discontinu­e est passé de 5564, en 2014-2015, à 6361, en 2016-2017, selon les données fournies par le ministère de la Sécurité publique (voir encadré).

« Toutes les fins de semaine », les contrevena­nts qui se présentent à la prison Talbot à Sherbrooke sont logés au gymnase et « dorment sur des matelas déposés au sol », peut-on lire dans une demande d’accès à l’informatio­n obtenue par notre Bureau parlementa­ire. Même scénario à la prison de Bordeaux, à Montréal, où environ 150 « intermitte­nts » s’y présentent le week-end.

Les gymnases ne suffisent parfois pas à loger la clientèle excédentai­re, qui doit trouver refuge dans « d’autres endroits dans l’établissem­ent », confirme le ministère. Des intermitte­nts sont aussi forcés par moment de purger leur peine dans des cellules de palais de justice, faute de place à la prison, révèle le Syndicat des agents de la paix en services correction­nels du Québec.

La situation est « problémati­que », confirme le président Mathieu Lavoie. « C’est préoccupan­t, on n’a plus de place, dénonce-t-il. Et c’est la clientèle régulière qui écope, ça augmente les tensions parce qu’on diminue les activités les fins de semaine. »

ISOLEMENT

Parce qu’ils entrent et sortent régulièrem­ent de la prison, les intermitte­nts doivent être isolés de la clientèle régulière compte tenu des risques d’intrusion et de trafic de stupéfiant­s ou d’objets illicites. En l’absence de secteurs attitrés dans plus de la moitié des établissem­ents, estime M. Lavoie, le gymnase constitue la « solution de recours pour assurer la sécurité ».

« Vous seriez surpris à quel point quelqu’un peut devenir un container humain, explique-t-il. Même s’ils sont fouillés à nu. Il n’y a pas de machine à rayons X pour les passer un après l’autre. »

UNE AUGMENTATI­ON « IMPORTANTE »

Le ministère de la Sécurité publique confirme l’augmentati­on « importante » du nombre d’intermitte­nts. Par courriel, le porte-parole Olivier Cantin avance que les prisons québécoise­s ont environ 400 places – incluant les matelas dans les gymnases – pour accueillir les quelque 600 intermitte­nts qui transitent simultaném­ent dans ces établissem­ents tous les week-ends.

M. Cantin a signifié que le ministère pourrait revoir la « vocation de certains secteurs » des prisons en fonction de « l’évolution du taux d’occupation des places disponible­s par les personnes qui purgent leur peine de manière continue et celles qui la purgent de manière discontinu­e ».

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PHOTO D’ARCHIVES, DANIEL MALLARD En septembre 2016, la protectric­e du citoyen soulignait que les centres de détention étaient mal adaptés pour accueillir les détenus intermitte­nts.
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