Le Journal de Montreal

SITÔT ARRIVÉS, SITÔT ARNAQUÉS

Les demandeurs d’asile ciblés par des fraudeurs

- Christophe­r Nardi @ChrisGNard­i christophe­r.nardi@quebecorme­dia.com

OTTAWA | Des fraudeurs visent des demandeurs d’asile dans une nouvelle arnaque d’une ampleur rarement vue. Ils leur extorquent de l’argent en prétendant représente­r un tribunal de l’immigratio­n, allant jusqu’à les menacer d’expulsion.

Depuis le 7 décembre, la Commission de l’immigratio­n et du statut de réfugié du Canada (CISR) a reçu pas moins de 140 plaintes de personnes disant avoir été la cible d’une tentative d’extorsion visant particuliè­rement les demandeurs d’asile. Plusieurs proviennen­t du Québec.

« Des demandeurs d’asile reçoivent des appels de fraudeurs disant qu’ils sont des représenta­nts de la CISR, qu’ils sont présenteme­nt sous enquête et qu’ils nous doivent de l’argent dans le cadre de leur dossier […] Depuis le début de décembre, on reçoit une quantité sans précédent de plaintes », détaille la porte-parole de l’organisme Line Guibert-Wolff.

Si des fraudes concernant les immigrants ne datent pas d’hier, c’est la première fois que les arnaqueurs prétendent être issus de la CISR afin d’extorquer les personnes ayant des audiences devant la Commission, souligne Mme Guibert-Wolff.

NOUVEAUX VENUS

La CISR est le plus important tribunal administra­tif du pays et tranche notamment dans les dossiers de demande d’asile. Cet organisme reçoit entre autres les demandes des migrants qui ont traversé en masse la frontière canadienne l’été dernier.

Les demandeurs d’asile sont souvent arrivés depuis peu au pays. Leur mauvaise compréhens­ion de la langue, de la société et de leurs droits en font des victimes de choix (voir autre texte).

Mme Guibert-Wolff indique que si une centaine de personnes à travers le pays ont porté plainte dans les derniers jours, cela veut dire qu’il y en a beaucoup plus qui ont reçu des appels et que certains ont plié aux demandes des escrocs.

MENACE D’EXPULSION

La façon dont les fraudeurs réussissen­t à cibler aussi bien les demandeurs d’asile n’est pas encore claire, mais le Centre antifraude du Canada (CAFC) estime qu’ils se servent de registres publics pour trouver et contacter leurs cibles (voir ci-contre).

Dans la majorité des cas, les arnaqueurs exigent au moins 1000 $ à la victime en prétextant que si elle ne paye pas, son dossier sera refusé et elle sera soit emprisonné­e soit carrément expulsée du pays, explique Alain Boomhour, du CAFC. Certaines victimes y auraient laissé jusqu’à 10 000 $.

« Parfois, les fraudeurs vont jusqu’à parler dans la langue maternelle de la victime pour rendre leur appel plus crédible et mieux se faire comprendre […] Les victimes sont souvent de nouveaux arrivants et comprennen­t mal nos lois et le fonctionne­ment du système, donc elles ont peur et elles payent », explique M. Boomhour.

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Chaque nouvelle vague de migrants, comme celle qui a cogné aux portes du Québec l’été dernier, ici dans la région de Hemmingfor­d, est accompagné­e d’une nouvelle tentative de fraude qui cible les demandeurs d’asile, s’insurge l’avocat en immigratio­n...
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