Un juge en chef du Québec
Autant l’opposition que les experts en droit saluent la nomination du Québécois
OTTAWA | La nomination du juge québécois Richard Wagner à la tête de la Cour suprême du Canada a été unanimement saluée hier.
Tous les intervenants ont accueilli favorablement la décision du gouvernement Trudeau de respecter la tradition d’alternance entre un juge de la common law et un juge du Québec issu du droit civil.
« Le fait qu’on ait un juge avec une expertise en droit civil à la tête de la Cour suprême, pour nous, est important », a commenté le premier ministre du Québec, Philippe Couillard.
« Le juge Wagner est un juriste d’une grande compétence », a écrit sur Twitter le bâtonnier du Québec, Paul-Matthieu Grondin.
OPPOSITION UNANIME
Richard Wagner, nommé à la Cour suprême par le gouvernement Harper en 2012, occupera le poste laissé vacant par la juge Beverley McLachlin. Cette dernière fera ses adieux vendredi, après plus de 17 ans de service. M. Wagner, lui, sera assermenté lundi prochain à la résidence de la gouverneure générale.
« [Le gouvernement] respecte la tradition, tant mieux. Mais on ne lui donnera pas une médaille pour ça », a commenté le député bloquiste Rhéal Fortin, ancien bâtonnier du Barreau de Laurentides-Lanaudière.
« Je connais suffisamment le juge Wagner pour lui faire confiance », a-t-il ajouté au sujet des affiliations politiques du père de M. Wagner, un ancien député conservateur au fédéral.
Le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique ont eux aussi accueilli positivement le choix du juge Wagner, soulignant tous deux le respect de la tradition.
Des doutes planaient encore dans les dernières semaines au sujet de l’alternance. Certains évoquaient la possibilité que l’Ontarienne Rosalie Abella soit nommée juge en chef.
PEU LOQUACE
La ministre fédérale de la Justice, Jody Wilson-Raybould n’a pas voulu préciser en point de presse l’importance de la tradition d’alternance dans le choix de son gouvernement.
En pratique, puisque le juge en chef préside les audiences et choisit les juges qui s’occupent de chaque cause, on peut s’attendre à ce que Richard Wagner amène à la Cour suprême une plus grande sensibilité pour la « chose québécoise », explique le chargé de cours à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, Frédéric Bérard.
« Mais l’alternance est surtout importante d’un point de vue symbolique. Pour le gouvernement, la question n’était peutêtre pas tant de respecter la tradition que d’éviter une levée de boucliers au Québec », analyse-t-il.