Le futur parrain est libre
Les policiers croient que Vittorio Mirarchi pourrait diriger la mafia montréalaise
Pressenti comme le prochain parrain de la mafia montréalaise dans les milieux policiers, un protégé du caïd Raynald Desjardins a repris sa liberté hier, après six ans à l’ombre.
Le Journal a appris que Vittorio Mirarchi a quitté la prison de Saint-Jérôme, où il était incarcéré pour avoir comploté le meurtre de l’aspirant parrain Salvatore Montagna, assassiné pour venger une tentative de meurtre sur Desjardins alors qu’ils tentaient de prendre le contrôle de la mafia.
Mirarchi avait été appréhendé le 20 décembre 2011 par la SQ en même temps que Desjardins, qu’il surnommait affectueusement « Le Vieux ». Leurs textos étaient espionnés par la police pendant qu’ils préparaient le crime.
L’influent mafioso de 40 ans a écopé d’une peine de neuf ans, soit cinq de moins que son « principal associé ».
« C’est le prochain parrain », nous ont avancé plusieurs sources policières au sujet de ce Québécois aux origines calabraises.
« COKE » ET SOUS-MARINS
Celui que Desjardins appelait « Pizz » aurait selon eux le potentiel et les moyens pour prendre le gouvernail d’une mafia italienne en déroute et sans véritable leader depuis quelques années.
Mirarchi était soupçonné par la GRC d’être un prolifique importateur de cocaïne en 2011, bien qu’il n’ait jamais été accusé d’un tel crime.
D’après des documents judiciaires du projet d’enquête Clemenza, « l’organisation de Mirarchi » aurait importé plus d’une tonne de cocaïne à coups de millions de dollars cette année-là.
Selon la preuve, le réseau disposait de contacts pour transporter la drogue entre la Colombie et le Mexique dans des sous-marins, à la façon du défunt caïd Pablo Escobar.
Des camionneurs québécois auraient été envoyés dans la région de Los Angeles y chercher une vingtaine de cargaisons.
Mirarchi était déjà détenu pour meurtre quand la GRC a arrêté 58 présumés trafiquants – dont des mafiosi notoires, comme Liborio Cuntrera et Marco Pizzi – dans cette enquête.
Pas moins de 49 d’entre eux ont toutefois été libérés des accusations plus tôt cette année, en grande partie grâce à une victoire judiciaire des avocats payés par Mirarchi.
Pour préparer sa défense alors qu’il était accusé de meurtre, Mirarchi a voulu forcer la Couronne à lui divulguer comment la GRC avait épié ses 16 BlackBerry. La Cour lui a donné raison.
Plutôt que de « brûler » cette technique d’enquête, la Couronne a préféré négocier des plaidoyers de culpabilité sur une accusation réduite avec Mirarchi et ses complices, tandis que la plupart des accusés dans Clemenza ont obtenu l’arrêt des procédures.
« ÇA DÉPEND… »
Les policiers n’ont toutefois pas la certitude que Mirarchi est intéressé au trône des défunts parrains Vic Cotroni et Vito Rizzuto.
« Si oui, tout dépendra de sa capacité à se faire accepter par les Siciliens et faire affaire avec le clan Rizzuto, sans oublier les Hells Angels, qui contrôlent le territoire de vente de drogue », selon nos sources.
— Avec la collaboration de Félix Séguin, du Bureau d’enquête