Le Journal de Montreal

Le futur parrain est libre

Les policiers croient que Vittorio Mirarchi pourrait diriger la mafia montréalai­se

- ERIC THIBAULT Vittorio Mirarchi retrouve sa liberté alors que le frère aîné de son mentor, Jacques Desjardins, est mystérieus­ement disparu depuis la fin octobre. Les policiers ne peuvent écarter la thèse qu’il s’agisse d’un acte de représaill­es envers son

Pressenti comme le prochain parrain de la mafia montréalai­se dans les milieux policiers, un protégé du caïd Raynald Desjardins a repris sa liberté hier, après six ans à l’ombre.

Le Journal a appris que Vittorio Mirarchi a quitté la prison de Saint-Jérôme, où il était incarcéré pour avoir comploté le meurtre de l’aspirant parrain Salvatore Montagna, assassiné pour venger une tentative de meurtre sur Desjardins alors qu’ils tentaient de prendre le contrôle de la mafia.

Mirarchi avait été appréhendé le 20 décembre 2011 par la SQ en même temps que Desjardins, qu’il surnommait affectueus­ement « Le Vieux ». Leurs textos étaient espionnés par la police pendant qu’ils préparaien­t le crime.

L’influent mafioso de 40 ans a écopé d’une peine de neuf ans, soit cinq de moins que son « principal associé ».

« C’est le prochain parrain », nous ont avancé plusieurs sources policières au sujet de ce Québécois aux origines calabraise­s.

« COKE » ET SOUS-MARINS

Celui que Desjardins appelait « Pizz » aurait selon eux le potentiel et les moyens pour prendre le gouvernail d’une mafia italienne en déroute et sans véritable leader depuis quelques années.

Mirarchi était soupçonné par la GRC d’être un prolifique importateu­r de cocaïne en 2011, bien qu’il n’ait jamais été accusé d’un tel crime.

D’après des documents judiciaire­s du projet d’enquête Clemenza, « l’organisati­on de Mirarchi » aurait importé plus d’une tonne de cocaïne à coups de millions de dollars cette année-là.

Selon la preuve, le réseau disposait de contacts pour transporte­r la drogue entre la Colombie et le Mexique dans des sous-marins, à la façon du défunt caïd Pablo Escobar.

Des camionneur­s québécois auraient été envoyés dans la région de Los Angeles y chercher une vingtaine de cargaisons.

Mirarchi était déjà détenu pour meurtre quand la GRC a arrêté 58 présumés trafiquant­s – dont des mafiosi notoires, comme Liborio Cuntrera et Marco Pizzi – dans cette enquête.

Pas moins de 49 d’entre eux ont toutefois été libérés des accusation­s plus tôt cette année, en grande partie grâce à une victoire judiciaire des avocats payés par Mirarchi.

Pour préparer sa défense alors qu’il était accusé de meurtre, Mirarchi a voulu forcer la Couronne à lui divulguer comment la GRC avait épié ses 16 BlackBerry. La Cour lui a donné raison.

Plutôt que de « brûler » cette technique d’enquête, la Couronne a préféré négocier des plaidoyers de culpabilit­é sur une accusation réduite avec Mirarchi et ses complices, tandis que la plupart des accusés dans Clemenza ont obtenu l’arrêt des procédures.

« ÇA DÉPEND… »

Les policiers n’ont toutefois pas la certitude que Mirarchi est intéressé au trône des défunts parrains Vic Cotroni et Vito Rizzuto.

« Si oui, tout dépendra de sa capacité à se faire accepter par les Siciliens et faire affaire avec le clan Rizzuto, sans oublier les Hells Angels, qui contrôlent le territoire de vente de drogue », selon nos sources.

— Avec la collaborat­ion de Félix Séguin, du Bureau d’enquête

 ??  ??
 ??  ?? 1.Vittorio Mirarchi (à droite) à son mariage aux Bahamas en compagnie de son garçon d’honneur Raynald Desjardins, en 2009.
2. Une partie des 300 000 $ en diverses devises que les policiers ont trouvées au condo de Mirarchi en 2011. 3. La SQ avait...
1.Vittorio Mirarchi (à droite) à son mariage aux Bahamas en compagnie de son garçon d’honneur Raynald Desjardins, en 2009. 2. Une partie des 300 000 $ en diverses devises que les policiers ont trouvées au condo de Mirarchi en 2011. 3. La SQ avait...
 ??  ?? 2
2
 ??  ?? 3
3

Newspapers in French

Newspapers from Canada