Le Journal de Montreal

Le jeu de la séduction

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Je reviens sur cette étude de l’Université Laval qui affirme que porter un regard insistant sur quelqu’un est une forme de violence sexuelle.

J’aimerais qu’on m’explique ce qu’est un « regard insistant ».

JE SUIS COUPABLE

Tout le monde est d’accord pour dire qu’un homme qui fixe le décolleté d’une femme pendant plusieurs secondes en salivant se comporte de façon grossière.

Mais se retourner pour regarder les jambes d’une jolie femme que l’on vient de croiser, est-ce aussi un crime ?

Si oui, je plaide coupable.

J’ai commis ce crime épouvantab­le à plusieurs reprises. À Rome, à New York, à Venise.

Alors que j’étais en couple, en plus.

Il m’est même arrivé d’admirer les charmes d’une femme alors que j’étais avec ma femme (qui elle, se faisait probableme­nt regarder par un homme marié, à moins que ce ne fût elle qui le regardât, ma femme n’étant ni aveugle ni insensible).

Quelle devrait être ma sentence, Votre Honneur ?

Oui, je l’avoue, je suis sensible au charme des belles filles. Je suis comme ça depuis que je suis enfant.

Probableme­nt un défaut de fabricatio­n. Quelque chose dans mes gènes. J’ai honte, je vous jure.

Je préférerai­s baisser les yeux dès que je vois une belle fille, mais j’en suis incapable.

Devrais-je suivre un atelier de sensibilis­ation ? M’excuser publiqueme­nt ?

Passer sous le bistouri ?

PARFUM DE FEMMES

Vous dites que je banalise les agressions sexuelles ?

Non. VOUS banalisez les agressions quand vous dites que regarder une femme est un acte de violence sexuelle !

Coudonc, la séduction est-elle en passe de devenir illégale ?

Comme m’a dit mon ami Denis Gravel, c’est correct d’aller sur Tinder et de demander à une pure inconnue si elle veut baiser avec moi dans cinq minutes, mais ce n’est pas correct de flirter, de séduire ? D’échanger des regards ? C’est « Wham Bam Thank You M’am » ou rien ?

Un des charmes de Paris est que les femmes, là-bas, adorent séduire.

Elles ne grimpent pas dans les rideaux lorsque vous les regardez dans la rue, au contraire : elles soutiennen­t votre regard et vous envoient un joli sourire.

Elles sont heureuses que vous appréciiez leur beauté, leur look. Le soin qu’elles ont mis à « accrocher » votre regard, ne serait-ce qu’un instant.

Ça s’appelle la séduction. Et c’est l’un des plus beaux jeux que les adultes aient inventés.

À Paris, ça flotte dans l’air comme un parfum.

Pas dans les quartiers où les femmes sont voilées de pied en cap, non.

Dans les quartiers où on reconnaît encore le Paris d’antan. Celui de la petite robe noire de Dior, des chandails aux épaules dénudées à la Bardot.

LA ZONE « AMIS »

Je pense aux femmes que j’ai aimées.

La première fois que je les ai embrassées, je ne leur ai jamais demandé la permission.

J’ai plongé. En espérant que mon désir soit réciproque.

La plupart du temps, ce l’était. Mais il m’est arrivé que certaines filles me disent : « Non, Richard, je veux qu’on reste amis ».

Et ça restait là. On continuait de se fréquenter platonique­ment. Sans que la police s’en mêle. C’était une autre époque. Il y a une éternité.

Si regarder les jambes des femmes est un crime, je plaide coupable...

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