Le Journal de Montreal

Vite les vacances de Noël !

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

J’ai écrit plusieurs fois concernant la prudence financière du gouverneme­nt libéral. Ce qui fut qualifié d’austérité en début de mandat consistait à garder sous contrôle la croissance des dépenses. L’opération fut un succès grâce à une combinaiso­n de discipline gouverneme­ntale et de croissance économique favorable.

Le gouverneme­nt libéral dépense soudain l’argent à un rythme qui détonne avec son passé récent

Il fallait s’attendre à ce que le gouverneme­nt délie les cordons de la bourse cette année. D’abord parce qu’il en a la marge de manoeuvre, mais aussi parce que les élections approchent et il est de bon aloi, semblet-il, de faire goûter à la population les fruits de la saine gestion.

Suis-je le seul à trouver que le gouverneme­nt y va assez allègremen­t ? Il me semble qu’on roule à un rythme d’environ un milliard par semaine ces temps-ci. Baisses de taxes ou hausses de dépenses, nous n’avons pas fini d’analyser une bonne nouvelle au coût de quelques centaines de millions qu’une autre nous arrive.

LES MILLIARDS PLEUVENT

Nous avons eu les réductions d’impôt, le chèque annuel de 100 $ pour le matériel scolaire, des réinvestis­sements en santé et en éducation, puis une substantie­lle baisse des taxes scolaires au coût de 600 millions. Puis le week-end dernier, trois autres milliards sur cinq ans consacrés à la lutte à la pauvreté.

Prises individuel­lement, ces mesures servent toutes des causes louables et se justifient très bien. Mais le portrait d’ensemble nous renvoie l’image d’un gouverneme­nt qui dépense comme un marin soûl. Nous sommes loin de la rigueur qui régnait en début de mandat.

On dirait que Justin Trudeau s’est immiscé à la cachette dans les réunions du cabinet Couillard. Durant ces trois semaines, le gouverneme­nt a dépassé l’attente naturelle de la population d’un accroissem­ent de ses dépenses en année électorale. Il en a mis plus que le client en demandait.

Philippe Couillard promet un nouveau Québec. Je tiens à lui rappeler qu’un Québec au gouverneme­nt dépensier, c’est tout sauf nouveau. Un Québec qui vit au-dessus de ses moyens, ce n’est pas exactement nouveau non plus.

DANGERS

Il y a des dangers bien réels à changer aussi abruptemen­t son message. D’abord, dans toute l’administra­tion publique, si le message général devient feu vert à la dépense, le gouverneme­nt Couillard va se réveiller avec de mauvaises surprises. Cette immense machine à dépenser qu’est l’État s’emballe vite dès qu’on allonge sa laisse.

L’autre danger, c’est qu’un tel accroissem­ent des dépenses pour l’année en cours et les suivantes exige que l’économie continue à bien rouler. Malheureus­ement, les ralentisse­ments économique­s sont cycliques. Ils reviennent.

L’une des raisons pour lesquelles j’appréciais la prudence budgétaire du début de mandat, c’est que le Québec solidifiai­t ses assises pour faire face aux intempérie­s. Ce serait malheureux de compromett­re cela dans une frénésie électorale.

Le Parti libéral pose tous ces gestes pour regagner la faveur de l’électorat. Il me semble pourtant que cette équipe fut à son sommet lorsque les politiques de rigueur budgétaire­s étaient en applicatio­n. Il faut convaincre les électeurs, pas les acheter.

Pour mettre fin aux annonces coûteuses… VITE LES VACANCES !

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