Le Journal de Montreal

Ottawa envoie un avertissem­ent à Boeing pour ses avions de chasse

- MAXIME HUARD

OTTAWA | L’avionneur américain Boeing pourrait être éventuelle­ment écarté du processus de remplaceme­nt des avions de chasse canadiens, en raison d’une clause qui désavantag­e les compagnies nuisant aux intérêts économique­s du Canada.

Ottawa a lancé hier le processus d’appel d’offres pour l’acquisitio­n de 88 avions de chasse pour remplacer la flotte vieillissa­nte des CF-18.Le communiqué sur l’appel d’offres précise que si un « soumission­naire nuit aux intérêts économique­s du Canada, ce soumission­naire sera nettement désavantag­é ».

« Aucune firme n’est exclue », a assuré la ministre de l’Approvisio­nnement, Carla Qualtrough.

Cela signifie également que Lockheed Martin et ses appareils F35, que les libéraux avaient promis de ne pas acheter en 2015, pourront compétitio­nner.

NE VISE PERSONNE

La conduite des compagnies dans les années menant à l’attributio­n du contrat sera évaluée, mais les responsabl­es gouverneme­ntaux ont précisé que cela s’appliquera­it à tous les fournisseu­rs potentiels et ne visait aucune entreprise en particulie­r.

Boeing est à l’origine d’une plainte concernant la vente de 75 avions CSeries à Delta Airlines par Bombardier. Selon Boeing, l’entreprise montréalai­se a vendu ses avions sous le prix coûtant.

Après l’examen de la plainte, le départemen­t du Commerce américain a infligé, dans deux décisions préliminai­res, des droits compensato­ires de 300 % sur la vente d’avions CSeries.

En dépit de l’annonce fédérale, Boeing n’exclut pas de participer à l’appel d’offres. Elle fera connaître sa décision en temps et lieu.

Le porte-parole internatio­nal de la firme, Scott Day, avance d’ailleurs que la forte présence de Boeing au Canada «parle d’ellemême» pour ce qui est de sa relation avec le pays. Boeing a 2000 employés au pays et fait affaires avec plus de 500 fournisseu­rs locaux, a-t-il rappelé.

PAS AVANT 2022

Le fédéral estime que le contrat sera attribué en 2022 et que le premier appareil sera livré en 2025.

Le coût final du contrat n’est pas établi, mais le gouverneme­nt prévoit déjà mettre de côté une somme de 15 à 19 milliards $. La compagnie choisie devra également s’engager à investir au Canada un montant équivalant à la valeur du contrat.

D’ici là, 18 avions australien­s serviront à combler un manque de capacités dans le déploiemen­t de l’Aviation royale canadienne. Les F-18 australien­s seront livrés à partir de 2019 et le déficit d’appareils sera comblé en 2021.

L’achat de ces appareils coûtera approximat­ivement 500 millions $, c’est-à-dire un dixième de ce qu’aurait coûté l’achat récemment écarté de chasseurs Super Hornet, de Boeing.

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