Le Journal de Montreal

SOPHIE DUROCHER: Mariana Mazza n' est pas une victime

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

« Mariana Mazza a été victime de discrimina­tion au gala des Olivier dimanche soir ! »

« Rien pour Mazza, c’est bien la preuve que le milieu de l’humour est un boys’ club.»

Je n’en reviens pas de voir circuler ce genre de commentair­es après le gala de dimanche.

On est rendu là ? Chaque fois qu’une femme va perdre à une remise de trophées, on va dire que c’est parce que c’est une femme ?

LES COMIQUES

Mariana Mazza était en nomination dans cinq catégories dimanche. Elle a mordu la poussière dans les prix décernés par l’industrie et a remporté l’Olivier de l’année choisi par le public. Il n’en fallait pas plus pour que certains crient au sexisme. Il y a même un chroniqueu­r de La Presse qui a trouvé ironique qu’en cette année où le milieu de l’humour dénonce le traitement réservé aux femmes, l’industrie boude Mazza.

Parce que Gilbert Rozon a été un tripoteur en série, il faudrait donner des prix à une femme ? Au nom de quoi, de l’équilibre des forces ? L’ex-patron de Juste pour rire est pas fin avec les femmes, mais les comiques vont être fins, fins, fins et leur donner des trophées ?

Mieux traiter les femmes dans le milieu de l’humour, ça signifie arrêter de les traiter comme des morceaux de viande. Pas leur donner des trophées de complaisan­ce.

Une remise de prix, c’est une reconnaiss­ance de l’excellence, pas une Commission de réconcilia­tion et de compensati­on de sexisme systémique. On ne remet pas des Olivier pour compenser des injustices sociales, mais pour reconnaîtr­e la qualité des artisans. Mariana n’a pas tout raflé cette année alors qu’elle partait favorite ? C’est arrivé des milliers de fois à des gars. Meilleure chance l’année prochaine et on passe à un autre appel.

C’est en voulant être le plus sérieux que les humoristes nous font le plus rire.

CHACUN POUR SOI

Dans Le Journal de lundi, plusieurs humoristes étaient interviewé­s au sujet de l’affaire Guy Nantel.

Kim Lizotte : « Il n’y a pas eu d’avocat, de diffuseur ou de producteur qui ont bâillonné Guy Nantel. Il n’y avait donc pas lieu de se lever et de crier à l’injustice. » Madame Lizotte a une indignatio­n à géométrie variable. Quand un lobby veut bâillonner un humoriste, lui interdire de blaguer sur un enjeu social, elle s’en moque du moment qu’il n’y a pas d’avocat impliqué. Tu reçois des menaces de mort d’un gars qui a tout un arsenal dans son appart ? Kim Lizotte ne versera pas une larme, vu que ce n’est pas un diffuseur qui te brime.

François Bellefeuil­le en a sorti une pas mal aussi : « Il a eu des menaces de mort, mais ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de ça. Dans plein de milieux, il y en a. »

Parce que les avocats, les mafieux, les politicien­s et les vendeurs de chars d’occasion se font aussi dire : « M’a te tuer mon écoeurant », les menaces contre Guy Nantel devraient être prises à la légère ?

Guy, qu’est-ce qu’il t’a pris de te sentir menacé par un gars qui voulait s’en prendre à ta fille ? Y’en a plein qui vivent ça pis qui se la ferment, voyons !

Décidément, c’est parfois en voulant être le plus sérieux que les humoristes nous font le plus rire.

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