Le Journal de Montreal

Mon passé me trouble encore

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J’ai été violée brutalemen­t avec pénétratio­n par le passé. J’ai dû m’abandonner, ne voyant pas comment j’aurais pu vaincre mon agresseur qui avait la carrure d’un joueur de football et qui menaçait de me défigurer si je résistais. Je n’ai pas dénoncé l’agression à l’époque ne voulant pas que mes proches se fassent du souci pour moi. J’avais aussi peur que cet homme ne revienne me battre par la suite, car il m’en avait menacée si jamais je parlais. Et le violeur court toujours à cause de mon manque de courage à le dénoncer.

Si cela m’arrivait aujourd’hui, je ne manquerais pas de porter plainte à la police et je demanderai­s du soutien pour m’aider à me remettre psychologi­quement de l’évènement. Comme bien des années sont passées depuis, il me serait impossible de retrouver cet homme pour l’identifier. Par la suite, je me suis toujours demandé comment on pouvait devenir assez fou pour avoir le désir de violer quelqu’un au point de la battre pour arriver à ses fins.

Tous nous sommes venus au monde bons et sans malice. Comment certains ont-ils pu développer de telles déviances ? Que leur est-il arrivé pour qu’ils se comportent ainsi ? Je pense qu’en tant que société, nous devons tout mettre en oeuvre pour améliorer la santé mentale de tous les citoyens afin de prévenir toute forme de violence.

À qui jeter la pierre ? Nous ne sommes pas responsabl­es de nos tares, de nos déviances et de nos maladies mentales. Par contre, nous avons tous un rôle à jouer pour parvenir à améliorer la situation. Il faut aussi protéger les plus vulnérable­s en même temps qu’aider les agresseurs potentiels à se contrôler. Il est important d’investir dans l’éducation de nos jeunes pour leur donner confiance en eux afin que tous apprennent à se faire respecter. Cela est primordial.

Même si présenteme­nt on assiste à de nombreuses accusation­s concernant des personnali­tés publiques, il faudrait quand même faire preuve de discerneme­nt et ne pas confondre « un manque de savoir-vivre, l’emploi de phrases grossières et de mauvaises blagues » avec une agression sexuelle. Loin de moi l’idée de banaliser les agressions sexuelles, elles doivent être dénoncées, mais il faut qu’elles en soient vraiment, et pas juste un manque de savoir-vivre ou un jeu de séduction. Quel est votre avis là-dessus Louise ? Renée Dion

Je partage en gros vos propos. En particulie­r la partie où vous notez l’importance d’éduquer les jeunes à prendre conscience de la nécessité de se respecter soi-même pour apprendre à résister aux attaques éventuelle­s, en même temps que de respecter les autres. Mais la finale de votre texte me rend perplexe. Il s’arrête où le manque de savoir-vivre pour passer dans le camp de l’agression ? Pareil pour les phrases grossières et les mauvaises blagues ? Certes, tous les hommes ne sont pas des agresseurs potentiels, loin de là. Mais il ne faut surtout pas ouvrir la porte à la moindre dérive pour que les règles deviennent claires et que les limites à ne pas dépasser soient évidentes pour tout le monde.

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