Le Journal de Montreal

Gérer en temps de crise...

- MARC DE FOY marc.defoy@quebecorme­dia.com

J’ai posé la question à Claude Julien après son point de presse, hier. Qu’est-ce qu’un entraîneur fait de son temps durant un congé de deux jours ?

« Tu penses à ton travail, mais aussi à aller voir ta famille », a-t-il dit.

Julien a profité de la pause de dimanche et de lundi chez le Canadien pour aller voir son épouse et ses trois enfants à Boston.

Ces deux jours lui ont-ils permis de mettre ses préoccupat­ions de côté ?

« Ça n’a pas été facile, mais oui, j’ai fait le vide, a-t-il répondu avec un soupir.

« Le défi était de décrocher pour ne pas que ma famille ait à endurer mes états d’âme. »

PAS COMME AUTREFOIS

C’est toujours plus intéressan­t de parler à un entraîneur ou à un athlète face à face. Ils sont plus à l’aise que dans une mêlée de presse et plus enclins à parler davantage même si leurs propos sont toujours guidés par la prudence.

Julien a vu neiger, lui qui en est à sa 16e saison derrière le banc d’une équipe de la Ligue nationale. Comme un dirigeant d’entreprise, il est appelé à gérer beaucoup de problèmes.

Il reconnaît qu’un entraîneur peut avoir des moments d’impatience quand son équipe ne gagne pas. Il prétendrai­t le contraire que personne ne le croirait.

« C’est sûr que tu peux être dur à l’endroit de certains joueurs, mais ça doit demeurer à l’interne. C’est important qu’il en soit ainsi, surtout aujourd’hui, ajoute-t-il.

« Ce n’est pas comme autrefois. Tu causes plus de dommages que de bien si tu exposes tes problèmes sur la place publique. »

Julien a joué à une époque où certains entraîneur­s ne se gênaient pas pour clouer au pilori un joueur au vu et au su de tout le monde. Mais cela laisse des marques.

Les joueurs ayant connu cette période vous diront que les meilleurs entraîneur­s étaient ceux qui n’embarrassa­ient pas un joueur devant leurs coéquipier­s ou sur la place publique. Ceux qui ont joué sous la direction du grand Toe Blake vous diront qu’il était comme ça.

« Il y a beaucoup de choses que les gens ne voient pas, reprend Julien.

« Ça ne veut pas dire que tu perds patience chaque fois que ça ne va pas, mais les joueurs réagissent souvent mieux à une réaction positive. »

VIVRE AVEC SES DÉCISIONS

Julien sait que beaucoup de gens prônaient la tenue d’une séance d’entraîneme­nt punitive au lendemain de la défaite de samedi dernier contre les Oilers d’Edmonton.

« J’aurais pu le faire, mais ça aurait fait plus de mal que de bien aux joueurs qui sont amochés, explique-t-il.

«Tu dois parfois prendre des décisions qui ne sont pas populaires auprès du public. Mais tu vis très bien avec ça pour autant que tu aies le sentiment d’avoir fait ce qu’il faut pour l’équipe. »

Julien dit qu’il ne lui est pas arrivé souvent de poser des gestes qu’il a regrettés. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’est pas ferme.

« Si vous questionne­z les joueurs, ils vous diront que je suis quand même assez raide, dit-il.

« Tu dois leur dire la vérité. Je suis toujours franc, qu’ils aiment ça ou pas. Ce que je leur dis n’est peut-être pas ce qu’ils veulent entendre. Mais c’est ce qu’ils doivent se faire dire. »

COMPOSER AVEC LA CRITIQUE

Sauf que personne n’est au courant. « Je sais que les gens aimeraient savoir ces choses-là, convient Julien.

« Ils sont curieux. C’est normal, je comprends ça. Mais si je plais aux gens en dehors, je vais nuire aux joueurs. Tu ne peux pas plaire à tout le monde. Tu vis avec ta façon de faire.

« Que je me fasse critiquer, j’accepte ça. Ce n’est pas un problème. Je fais mon travail. Pourvu que j’aie le sentiment de poser les bons gestes, ça me va. »

Qu’est-ce que Julien peut dire au sujet de Max Pacioretty et de Carey Price ?

« Tu leur parles, tu les encourages à faire les bonnes choses, dit-il.

« Pacioretty a haussé son éthique de travail et apporté des améliorati­ons dans son jeu lors des deux derniers matchs. S’il continue à travailler avec ardeur, ça va revenir.

« Quant à Price, il a connu une mauvaise sortie à son dernier match. Mais il va prouver à sa prochaine rencontre que ce n’était qu’un mauvais match. »

On aura tous ce commentair­e à la mémoire demain soir.

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PHOTO D’ARCHIVES Claude Julien affirme être toujours franc avec ses joueurs, qu’ils aiment ça ou pas.
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