Le Journal de Montreal

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Enquête Mâchurer sur le financemen­t du Parti libéral du Québec

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Le patron de l’UPAC, Robert Lafrenière, a admis, hier, que son organisati­on avait connu une année difficile sur le plan des perception­s.

Robert Lafrenière croit que ceux qui ont orchestré les fuites dans l’enquête Mâchurer cherchent à le faire tomber.

C’est ce qu’a confié le patron de l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC), lors d’une entrevue bilan avec le Bureau d’enquête, hier, dans les locaux de l’Unité, à Montréal.

« Il y a des gens qui voulaient que cette enquête-là dérape, qui veulent que l’UPAC ne fonctionne pas, qui ont des agendas cachés… peut-être pour le poste ici », a-t-il lancé.

Lorsqu’on lui demande de préciser, il se fait direct : « Pour avoir ma place. […] Ils voudraient que l’UPAC soit gérée par quelqu’un d’autre. Moi je fais mon travail et les gens jugeront, le gouverneme­nt jugera ! »

SOUPÇONS

Tout cela se déroule selon lui dans une ère du soupçon entretenue par « certains ».

Qui ? Il parle d’un « petit groupe de personnes qui lancent des choses à gauche et à droite. Jamais basé sur des faits ». Ces allégation­s provoquent de grosses fièvres, mais, soutient M. Lafrenière, « en bout de ligne, ça se dégonfle ».

Par exemple ? Il rappelle que l’an dernier, il y a eu plusieurs allégation­s autour du ministère des Transports du Québec (MTQ). Notamment celles qu’aurait contenues la fameuse « clé USB » de l’ancienne analyste au MTQ Annie Trudel, proche du député libéral Guy Ouellette arrêté par l’UPAC le 25 octobre.

Ces histoires autour du MTQ ? « Ça s’est terminé avec une enquête qui n’a rien donné et des rapports de vérificate­urs qui ont conclu que là non plus, il n’y avait rien là. »

Le soupçon n’épargne personne, se plaint-il. « Quand tu n’as plus confiance en la VG [vérificatr­ice générale], plus confiance à l’UPAC, on remonte où ? À l’armée canadienne ? À un moment donné, c’est ben beau lancer, lancer, lancer [des allégation­s], mais... »

Le patron de l’UPAC est conscient que son organisati­on n’a pas eu bonne presse cette année. Surtout depuis l’arrestatio­n du député Ouellette et la réplique de l’Assemblée nationale.

« C’est ardu, la relation avec les médias. On a le vent dans la face. On répond, mais on fait le mieux qu’on peut. »

Il jure ne pas en vouloir aux médias cependant. Jure aussi ne « jamais avoir enquêté » sur eux, n’avoir jamais surveillé les appels d’un journalist­e et encore moins en avoir mis un sous écoute ou sous filature.

EUROPE DE L’EST

En Ukraine récemment, il a prononcé une conférence sur la lutte à la corruption.

Des policiers des pays de l’Europe de l’Est qui l’écoutaient étaient surpris qu’il ait pu arrêter plusieurs anciens élus sans que sa vie soit mise à prix.

Ils se surprenaie­nt de ne pas le voir encerclé par au moins quatre gardes du corps armés. M. Lafrenière leur a répondu que grâce aux médias, il ne se ferait « pas tuer » !

« Vous autres, le pouvoir médiatique, vous ne l’avez pas. Nous, on l’a ». Si on cherchait à s’en prendre au commissair­e « les médias [le] sauveraien­t », a-t-il fait remarquer à ses hôtes européens !

Bref, les médias sont nécessaire­s à la lutte à la corruption. « Quand on fait une arrestatio­n, le nombre de dénonciati­ons triple ! C’est grâce à vous autres. »

L’enquête Mâchurer sur le financemen­t illégal au Parti libéral a souffert des fuites, admet-il, mais l’enquête avance.

« Les fuites nous ont distraits, il faut être clair. C’est clair que ça a eu un impact. » Des témoins ont été « insécurisé­s », des stratégies d’enquête ont été divulguées. À l’interne, « ça crée un climat de suspicion dans le bureau, ça crée de l’incertitud­e ». Rien pour aider les relations dans ce que certains ont appelé un « panier de crabes ».

« De là à dire que ça a bloqué notre enquête, pas du tout », insiste-t-il pourtant.

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