La Ville de Montréal redoute un gâchis environnemental
La municipalité exige qu’un promoteur retire des sols suspects de son terrain
Québec et Montréal prennent les grands moyens contre un promoteur au lourd passé criminel qui a accumulé des dizaines de tonnes de sols suspects sur un vaste terrain de Rivière-des-Prairies.
Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a trouvé de la terre contaminée au cuivre sur le site que Rhéal Dallaire prévoit transformer en quartier résidentiel.
Ce promoteur travaille depuis 2011 avec Les Constructions fédérales inc., qui détient le terrain de Rivière-des-Prairies. Cette compagnie lui a confié l’aménagement du terrain malgré ses nombreuses condamnations pour fraudes et faillites douteuses dans les années 1990 et 2000.
Depuis, Dallaire a laissé des dizaines de camions venir déverser leur contenu sur le site, déboisé sans permis en 2015. Sur le vaste lot, situé à l’angle du boulevard Gouin et de la rue Trefflé-Berthiaume, à quelques pas de la rivière des Prairies, le sol naturel est recouvert par près de deux mètres de terre issue de chantiers de construction.
« IL FAUT QUE ÇA CESSE »
« Nous ne sommes pas certains de la provenance de cette terre, dit la mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-auxTrembles, Chantal Rouleau. Il entrepose des matières de construction, des débris, et nuit à la qualité de l’environnement. Il faut que ça cesse. »
Fin octobre, la Ville de Montréal a d’ailleurs mis en demeure le propriétaire et le promoteur de retirer la terre du site et de le remettre dans son état d’origine.
La municipalité leur reproche aussi de ne pas avoir aménagé la barrière anti-sédiments qu’ils devaient installer pour protéger la forêt voisine, une zone protégée.
Depuis, peu de choses ont changé sur le site, mais la mairesse ne compte pas en rester là. Elle entend donner à la Ville de Montréal le mandat de demander une injonction pour forcer Les Constructions fédérales et Dallaire à remettre le site en son état d’origine.
De son côté, le promoteur assure que Québec et l’arrondissement n’ont aucune raison de s’affoler.
« La mise en demeure de la Ville, c’est farfelu, dit Dallaire, contacté par notre Bureau d’enquête. Il n’y a pas de sols contaminés; je crois que c’est de l’acharnement. »
SOLS CONFORMES ?
L’avocat du promoteur assure qu’il a fait caractériser le site par la firme ABS.
« On a un rapport intérimaire démontrant que tous les sols sont conformes », assure Me Sebastian Pyzik, contredisant ainsi des mesures de Québec. Notre Bureau d’enquête lui a demandé une copie de l’étude, mais l’avocat ne nous l’a pas fait parvenir.
Le président des Constructions fédérales, Sam Hornstein, n’a pas voulu accorder d’entrevue.