Plus de 1,3 million $ volés aux immigrants par des escrocs
Près de 400 nouveaux arrivants ont été victimes d’extorsions depuis 2014
OTTAWA | Les fraudeurs volent de plus en plus d’argent aux nouveaux arrivants. Depuis 2014, les immigrants canadiens se sont vu extirper plus de 1,3 million $ et la situation ne s’améliore pas.
En près de quatre ans, ce sont 2179 immigrants, réfugiés ou demandeurs d’asile qui ont rapporté aux autorités avoir été contactés par des escrocs qui tentaient de leur voler de l’argent en utilisant différents stratagèmes.
De ce nombre, 377 disent être tombés dans le panneau et avoir donné en moyenne 3500 $ aux arnaqueurs, révèlent des données du Centre antifraude du Canada (CAFC) obtenues par Le Journal.
Plus inquiétant encore : le nombre de victimes — et le montant total volé — n’a cessé d’augmenter entre 2014 (24) et 2016 (155), dernière année complète compilée par le CAFC. Jusqu’à maintenant en 2017, il y a 74 victimes de fraude confirmées, mais les données entières ne seront disponibles qu’en 2018.
« Je ne suis pas étonné que les fraudeurs s’en prennent plus aux immigrants, mais je suis vraiment dégoûté par tout ça, a commenté Stéphane Handfield, avocat spécialisé en immigration. On parle de plus en plus d’immigration au Canada, ce qui attire l’attention des fraudeurs et les encourage à s’attaquer davantage à cette population plus vulnérable. »
DEMANDEURS D’ASILE VISÉS
Le Journal rapportait hier que des fraudeurs visent des demandeurs d’asile dans une nouvelle arnaque d’une ampleur rarement vue. Ils leur extorquent de l’argent en prétendant représenter un tribunal de l’immigration, allant jusqu’à les menacer d’expulsion.
Depuis le 7 décembre, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR) a reçu pas moins de 140 plaintes de personnes disant avoir été la cible d’une tentative d’extorsion visant particulièrement les demandeurs d’asile.
À Québec, le ministre de l’Immigration, David Heurtel, s’est dit « préoccupé » par le reportage du Journal et estime que, pour lutter contre ces arnaqueurs, il faut faire de la « sensibilisation ».
« Il faut voir comment on peut faire un travail de sensibilisation à travers les organismes qui se chargent de l’intégration, pour développer le réflexe chez les demandeurs d’asile de s’assurer que des vérifications soient faites avant de donner leur argent à n’importe qui », a-t-il indiqué.
VÉRIFICATIONS PAR OTTAWA
« C’est déplorable que les gens profitent d’autres personnes qui sont dans cette situation [de demande d’asile] », a lancé pour sa part le ministre des Transports, Marc Garneau hier.
Il a ajouté que le fédéral compte faire des vérifications à ce sujet dans les prochains jours.