Le Journal de Montreal

La belle Anna et ses boxeurs

-

À un moment donné, Michel Hamelin, le parrain de la sécurité et de l’ordre dans la boxe québécoise, s’est tanné. Pas officielle­ment bien sûr, mais il s’est tanné quand même.

Tellement qu’il a passé son message au promoteur Camille Estephan : « Camille, y aurait-il moyen d’expliquer à Anna Reva que ses Kazakhs ne sont pas obligés d’envoyer leurs adversaire­s à l’hôpital à chaque gala ? »

C’est que les cinq jeunes boxeurs d’Anna Reva sont des costauds. Ils ont été formés à la même école de boxe amateur que leur compatriot­e Gennady Golovkin. On frappe et on pose les questions après. Et comme on ne comprend pas les réponses, on frappe encore, au cas où…

Avec le résultat que les adversaire­s des Kazakhs à Anna prennent le chemin de l’hôpital trop souvent au goût de Michel Hamelin.

L’HÔPITAL DE SOREL

C’est tellement vrai que ce ne sont pas les installati­ons sportives de Sorel qui m’inquiètent pour le gala de ce soir dans la ville du Survenant et de Rodrigue Lemoyne. C’est l’urgence de l’hôpital. J’espère qu’ils sont prêts à accueillir la visite parce que quatre des cinq Kazakhs d’Anna (photo) sont au programme. Garanti qu’au moins deux de leurs adversaire­s vont faire un détour vers l’urgence avant de reprendre l’avion. Surtout le pauvre gars qui a accepté de faire quatre rondes contre Artur… le beau ténébreux de 20 ans.

« Quatre combats à préparer pour Sorel, et Batyr qui se bat samedi à la Place Bell de Laval, c’est fou. C’est un travail épouvantab­le, et, en plus, de souffrir d’insomnie chronique dans ces périodes plus intenses ! Même les sirops offerts par Camille Estephan ne font pas effet. Je suis épuisée », de lancer Mme Reva hier après-midi. Anna Reva est elle-même une Kazakh, débarquée au Québec sans le sou puisque sa mère n’était pas d’accord avec son aventure nord-américaine. Encore moins québécoise, cette étrange planète où on parle français.

Finalement, maman s’est défâchée et papa, l’équivalent d’un président d’Hydro-Québec au Kazakhstan et maman, une commerçant­e, ont décidé d’appuyer leur fille. Anna avait eu le temps d’en arracher et d’occuper des emplois d’immigrante belle et intelligen­te. Avec cette aide parentale, elle s’est lancée dans l’immeuble avec un très grand succès et il faut l’avoir visitée chez elle pour comprendre qu’Anna ne vit pas dans la misère.

EX-GÉRANTE DE BETERBIEV

Elle est tombée amoureuse de la boxe. Follement, passionném­ent. D’ailleurs, quand Artur Beterbiev a rompu son contrat de gérance avec elle, c’est d’une peine d’amour dont elle a souffert. Dans le sens qu’elle a eu le coeur brisé parce qu’elle s’était donnée corps et âme pour la progressio­n de la carrière du grand Tchétchène. D’ailleurs, après trois ans d’attente, les deux parties vont se retrouver devant un juge le 5 mars prochain : « Je ne peux pas expliquer cette passion pour la boxe. Mais je serais incapable de vivre sans la boxe. Je travaille très fort, souvent en équipe avec Camille Estephan, Stéphane Larouche et Mikhaïl Romanchuk, le coach russe qui a travaillé avec Beterbiev », d’expliquer Mme Reva.

Elle protège ses jeunes boxeurs comme une louve le fait avec ses louveteaux. Beaux, moins beaux ou pas beaux, pas de différence. Les filles doivent attendre leur tour. La règle d’Anna prévaut : « Il n’y a pas de place pour autre chose que la boxe. Il faut une implicatio­n totale du boxeur si on veut atteindre les objectifs. Et ils sont assez passionnés par leur sport pour se commettre à fond », de dire Anna.

Anna Reva sera facile à reconnaîtr­e ce soir à Sorel. Elle va être une des plus belles femmes dans l’aréna, elle sera une des plus élégantes. Et elle sera abominable­ment stressée et va montrer un visage angoissé tant que son dernier protégé n’aura pas gagné par knockout.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada