Une « caverne d’Ali Baba » pour Noël
Les intervenants viennent y chercher des cadeaux pour les jeunes qui sont hébergés ou suivis par la DPJ
Des jeunes ayant une si faible estime d’eux-mêmes qu’ils ne pensent pas qu’ils pourraient recevoir un cadeau à Noël auront tous quelque chose sous le sapin grâce à une « caverne d’Ali Baba » où des milliers de jouets sont entassés pour eux.
« Je ne pensais pas que j’en valais la peine », a déjà dit un jeune de 12 ans à son intervenante après avoir reçu un manteau d’hiver de la marque Tommy Hilfiger, raconte Nathalie Gélinas, responsable des fugues et réseaux dans trois centres jeunesse de Montréal. « Cette nuit-là, ce jeune a dormi avec son manteau », raconte-t-elle.
Le Journal l’a rencontrée à la « Caverne d’Ali Baba » de la Fondation du centre jeunesse de Montréal, où les intervenants peuvent venir chercher des cadeaux d’une trentaine de dollars chacun pour les jeunes de leurs unités.
Des intervenants viennent aussi y piger des cadeaux pour des enfants qui vivent en foyer de groupe ou qui habitent dans leur famille, mais qui sont supervisés par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
Au total, environ 3000 enfants bénéficient des cadeaux de la Caverne cette année.
NOËL NORMAL
La plupart de ces jeunes sont pris dans des situations familiales difficiles et le fait d’avoir au moins un cadeau à déballer peut les aider à amoindrir l’impression de vivre un Noël anormal, explique Karene Greiss, intervenante au centre jeunesse du CIUSS-du-Centre-Sud-de-l’Îlede-Montréal.
Certains voient les amis avec qui ils sont hébergés retourner dans leur famille pour Noël et se sentent d’autant plus seuls au monde, raconte Mme Greiss. Les crises sont plus fréquentes pendant cette période.
Les goûts de ces enfants sont les mêmes que ceux des autres. Les garçons raffolent des Legos, les filles de tout ce qui a pour thème La reine des neiges, illustre Sylvie Lacroix, une éducatrice spécialisée rencontrée sur place.
Les adolescents, eux, sont friands de cartes-cadeaux. Quant aux livres, ce sont surtout les adolescentes qui les apprécient, a remarqué Mme Lacroix.
« Reste que pour plusieurs, si on leur demandait ce qu’ils veulent vraiment à Noël, ils répondraient : retourner chez nous », dit la présidente de la Fondation Isabelle Levesque.
PLEURER DEVANT LES GIRAFES
La Fondation recueille d’ailleurs des dons du public à l’année qui servent aussi à faire vivre des expériences positives à ces jeunes. C’est pourquoi des enfants dans une situation particulière ont droit à un cadeau spécial qui dépasse le budget initial. Par exemple, un groupe d’adolescentes a pu aller au Parc Safari grâce à un don de billets, une activité qui a ému certaines aux larmes. « Voir une ado de 17 ans super délinquante pleurer devant les girafes, c’est marquant », relate Karene Greiss.