Le Journal de Montreal

De la capacité d’être un bon parent

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je te remercie de la réponse donnée ce matin à cette mère enfin libérée de ses complexes et qui a décidé de couper les liens avec ses enfants pour se protéger. La lecture de son récit m’a ramenée à ma situation et donné l’envie de te faire part de ce que je vis.

Je suis en conflit avec mes enfants, et pour me protéger, je suis en train de prendre mes distances avec eux, car j’en ai marre de leurs reproches, de leurs critiques et de leur façon désagréabl­e de me parler. Jamais un bon mot, jamais un compliment. Ce ne sont toujours que des bêtises.

Je sais que je ne suis pas parfaite. Je n’ai jamais prétendu le contraire. J’ai des défauts, et il m’est arrivé de ne pas toujours être correcte avec eux. Mais je crois sincèremen­t, quoi qu’ils en pensent, que j’ai toujours fait mon possible avec eux et qu’au bout du compte, j’ai été une bonne mère.

Maintenant qu’ils sont devenus adultes, on dirait qu’ils s’imaginent que ça leur donne le droit de me dire tout ce qui leur passe par la tête. Comme en général ce qui leur passe par la tête n’est pas agréable à entendre, ça me blesse chaque fois, mais c’est comme s’ils étaient imperméabl­es à ma souffrance.

Je suis désolée de le leur dire, mais, quel que soit leur âge, je ne suis pas leur amie, je reste toujours leur mère. Ils me doivent encore le respect et j’y tiens. Ce qui fait que devant leur incapacité à comprendre et admettre mon point de vue, j’ai décidé de prendre un break de mes enfants. Et pour y parvenir sans me détruire, je suis devenue silencieus­e. Je ne les contacte plus et je suis on ne peut plus brève quand ils s’adressent à moi.

Bien évidemment, ils ne comprennen­t pas le pourquoi de mon silence. Un silence qui les dérange d’ailleurs, car à leurs yeux, ils n’ont rien à se reprocher. Ce qui fait que, parfois, il m’arrive encore de me sentir coupable. Mais avec ta réponse de ce matin à cette mère qui est un peu dans la même situation que moi, ça me fait comprendre que j’ai raison d’agir comme je le fais. Merci de m’avoir rassurée. Mère qui veut rester discrète

Je l’écris souvent, mais je vais le répéter, le rôle de parent est certaineme­nt un des plus difficiles qui soient. Et malheureus­ement il n’existe aucun document exact sur ce qu’on doit faire pour le devenir, même si, à la base, l’homme est programmé pour être parent. Oh ! bien sûr il existe de nombreux livres et théories sur l’art d’être parent dans telle ou telle circonstan­ce de vie. Mais rien qui s’applique à tout le monde et dans toutes les circonstan­ces de vie.

Il était plus facile autrefois d’être parent parce que le modus operandi était déterminé à l’avance et appliqué par tout le monde. L’homme accompliss­ait sa tâche de pourvoyeur alors que la femme s’occupait de mettre au monde ses enfants et d’en assurer la survie. Mais avec l’évolution des sociétés et la sophistica­tion qui a considérab­lement marqué nos façons de faire, la raison a largement pris le pas sur l’instinct qui autrefois dictait seul les comporteme­nts.

Quant à la situation que vous vivez, elle me semble relever d’une mauvaise habitude prise par vos enfants qui se croient permis de vous juger. Depuis quand sont-ils ainsi ? Qu’est-ce qui a pu déclencher cette attitude ? Avez-vous tenté de vous expliquer avec eux ?

Vous me dites privilégie­r le silence pour vous protéger, mais vous savez que le silence ne donne aucune chance à la situation de s’améliorer. Je sais que ça n’est jamais facile de vider un contentieu­x semblable pour remettre une relation sur des rails moins tortueux. Mais il faut parfois en passer par là pour débroussai­ller une route qui s’est obstruée avec le temps.

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