Le Journal de Montreal

Bombardier, quelle année de fou !

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Du scandale de la rémunérati­on des hauts dirigeants à… la vente de feu des C Series à Airbus, tout en passant par l’imposition de droits compensate­urs américains de presque 300 %, Bombardier nous en a fait voir de toutes les couleurs cette année. Et ça va se poursuivre l’an prochain.

De toutes les entreprise­s du Québec inc., Bombardier n’a pas son pareil pour soulever la controvers­e au Québec. Cela s’est produit à plusieurs reprises au cours des 12 derniers mois.

Il faut dire qu’on a tellement investi dans la multinatio­nale de la famille Beaudoin-Bombardier que la moindre nouvelle sur Bombardier ne laisse personne indifféren­t. Collective­ment parlant, nous avons d’ailleurs intérêt à ce que Bombardier reste en vie.

Il faut sauver notre dernière mise de fonds de 2,5 milliards $ US dans Bombardier, dont 1 milliard d’Investisse­ment Québec dans le programme C Series et 1,5 milliard de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Bombardier Transport. Et comme on nous le rappelle régulièrem­ent, la survie de Bombardier permet de protéger au Québec des milliers d’emplois dans nos secteurs de l’aéronautiq­ue et du transport de passagers.

L’ACTION

Concernant maintenant notre placement collectif de 2,5 milliards US dans Bombardier, rien ne garantit qu’un jour on va faire de l’argent. Mais aujourd’hui, les perspectiv­es s’annoncent meilleures que l’an dernier.

C’est ce que laisse présager le cours de l’action de Bombardier. Se négociant au-dessus de la barre des 3 $... l’action de notre multinatio­nale Bombardier a progressé de quelque 40 % depuis le début de l’année. Remarquez que l’actuel cours de l’action de Bombardier est à des années-lumière de son sommet historique d’août 2000, soit 26,30 $ l’action. Mais en février 2016, doit-on rappeler, l’action peinait à 78 cents, alors que Bombardier se retrouvait au bord du gouffre. Aujourd’hui on respire mieux !

LA GAFFE

Au printemps dernier, la haute direction de Bombardier a réussi le tour de force de soulever la colère de tout le Québec, allant des actionnair­es à la population, tout en incluant les politicien­s, les analystes financiers et même la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’un des gros actionnair­es de Bombardier.

Le conseil d’administra­tion de Bombardier leur avait accordé une scandaleus­e augmentati­on de rémunérati­on allant de 30 à 50 %. Pour calmer la grogne, l’augmentati­on a été révisée à la baisse. Pierre Beaudoin, président du conseil d’administra­tion, a même renoncé à son augmentati­on.

LA GUERRE

Après la controvers­e sur la rémunérati­on de la direction, Bombardier s’est fait rentrer dedans par Boeing.

Le géant américain de l’aéronautiq­ue lui a déclaré la guerre commercial­e en déposant au Départemen­t du commerce américain une plainte contre la vente des 75 C Series à la société américaine Delta. Boeing accuse Bombardier d’avoir vendu ses C Series à un prix dérisoire, grâce à l’aide substantie­lle obtenue de Québec et d’Ottawa. À la stupéfacti­on générale, le Départemen­t du commerce des États-Unis a imposé des droits compensate­urs de presque 292 % sur la vente des C Series à des sociétés américaine­s, ce qui les rend inabordabl­es.

LA VENTE

Comme ultime solution pour contrer la guerre que lui livrent Boeing et le Départemen­t du commerce américain, la direction de Bombardier a finalement décidé de céder le contrôle des C Series au géant européen Airbus. Pour une piastre.

Le « deal » du siècle pour Airbus. Alors que le géant européen devient l’actionnair­e majoritair­e avec 50,01 % des parts de la Société en commandite Avions C Series, Québec, avec son investisse­ment d’un milliard US, doit maintenant se contenter de 18,5 % des parts de la société en commandite.

Le problème du C Series ? Bombardier a investi presque 7 milliards de dollars pour développer un avion extraordin­aire… mais la société est incapable d’en faire la mise en marché. Ce que Airbus réussira sans doute.

Avec Airbus, même le marché américain devient accessible puisque les C Series qu’on y vendra seront assemblés aux États-Unis, donc non assujettis aux droits compensate­urs.

On se le souhaite !

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Pierre Beaudoin, président du CA du groupe, a renoncé à son augmentati­on de salaire pour calmer la grogne.
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