IL DORT DANS UNE BOÎTE EN CARTON
Normand a passé les cinq derniers hivers à dormir dans une boîte en carton dans un coin caché du centre-ville.
« Moi je suis un solitaire. Je vis dehors par choix, lance-t-il d’emblée, avec fierté. Je n’ai pas de bien-être social et j’y vais un jour à la fois. »
Il préfère ne pas dévoiler l’endroit où il dort, pour éviter de se faire voler l’emplacement. « Personne ne sait que je suis là », dit-il.
L’homme de 50 ans ne craint pas le grand froid des derniers jours. Il s’est bâti un petit abri avec une boîte en carton et cela lui suffit à rester au chaud, dit-il.
« Moi la nuit, je rentre dans ma boîte, je rentre dans mon sac de couchage, mes couvertes, le chat rentre avec moi, puis je dors », assure-t-il.
L’homme de 50 ans a décidé de vivre en nomade en sortant du pénitencier en 2007, après avoir passé 16 ans en prison. « Je volais des autos », lâche-t-il. Maintenant, il gagne sa vie en fouillant. Il se réveille à 2 h la nuit pour faire sa tournée. « Je ramasse des canettes, j’attends à la sortie des bars. Le monde échappe souvent des bijoux dans les batailles, dit-il. J’aime ce que je fais et je ne manque de rien. »
Le sans-abri ne veut rien savoir des refuges.
« Aujourd’hui, les missions pour itinérants, ça n’existe plus. C’est des endroits pour ceux qui ont des problèmes psychiatriques. Ils te disent : ‘‘assis, debout, va manger’’, pense Normand. Moi je suis libre et je fais ce que je veux. »