Le Journal de Montreal

2018, année politique

- CLAUDE VILLENEUVE claude.villeneuve@quebecorme­dia.com

Pour les mordus de politique, l’année 2018 sera excitante. Nos voisins ontariens et néo-brunswicko­is choisiront un nouveau gouverneme­nt et les élections de mi-mandat américaine­s donneront un avant-goût de la suite des choses avec Donald Trump.

Évidemment, nous sommes beaucoup plus directemen­t concernés par les élections générales québécoise­s, prévues pour le 1er octobre. N’en doutez pas, analyses et spéculatio­ns préélector­ales occuperont plus que leur part d’attention médiatique d’ici cette échéance.

TRAJECTOIR­E

Les élections sont des exercices fascinants, parce qu’elles tracent, en quelques semaines ou même quelques jours, ce que sera notre trajectoir­e collective pour plusieurs années. Suffit d’une erreur stratégiqu­e d’un des protagonis­tes ou d’un faux pas d’un aspirant lors du débat des chefs pour que notre vie publique change de tonalité pour quatre ans et encore plus.

L’enjeu immédiat, c’est de voir si la Coalition avenir Québec restera portée par la brise favorable qui la pousse pour détrôner le Parti libéral, dans un contexte où le Québec ressemble de plus en plus à une démocratie à parti unique.

De même, on se demandera si le Parti québécois peut rebondir et, à tout le moins, demeurer une force politique d’avant-plan, alors qu’on cherche à quoi il sert, dépouillé de son objectif référendai­re. On voudra également savoir si Québec solidaire est capable de sortir de sa niche montréalai­se.

Peu prudents ceux qui, à ce stade-ci, se livrent déjà au jeu des prédiction­s. L’histoire politique récente nous appelle à plus de retenue.

Il n’y a qu’à se souvenir que personne n’anticipait la vague orange au déclenchem­ent des élections fédérales de 2011 et que Pauline Marois partait en tête lorsqu’elle a convoqué celles de 2014. De même, Justin Trudeau était bon troisième avant qu’une campagne de plus de deux mois ne lui confère un gouverneme­nt majoritair­e en 2015.

C’est comme ça à l’étranger également. En 2016, le Brexit nous a surpris, quelque temps avant l’élection tout aussi inattendue de Donald Trump. L’année dernière, les Français ont choisi comme président quelqu’un qui leur était inconnu six mois plus tôt, puis la première ministre britanniqu­e Theresa May a failli sortir minoritair­e d’une campagne déclenchée avec l’espoir d’un balayage.

Dans la démocratie occidental­e de 2018, les campagnes ne peuvent plus être vues comme des chorégraph­ies savamment exécutées

LE VERDICT

Dans la démocratie occidental­e de 2018, les campagnes ne peuvent plus être vues comme des chorégraph­ies savamment exécutées, les électeurs ne veulent plus jouer la partition. Déjouer les plans du gagnant présomptif génère une forme de plaisir pas si coupable pour beaucoup de citoyens.

De même, on devra rappeler que les sondages constituen­t des photos instantané­es, encore assez fiables, de l’humeur des gens. Ils ne servent pas à prédire les résultats et ne doivent surtout pas viser à les influencer.

C’est que ceux-ci exprimeron­t – peut-être imparfaite­ment, mais légitimeme­nt – la volonté des Québécois, pour les années à venir. La séquence des événements qui nous mènera au prononcé de leur verdict est toutefois bien engagée et promet d’être passionnan­te à suivre.

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