Le Journal de Montreal

Bordel que j’ai ri

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

J’ai beaucoup ri en regardant le Bye Bye dimanche soir et j’ai ri à nouveau lundi. Pourtant, il est très difficile de me faire rigoler au-delà du rictus.

Petites, mes filles avaient honte d’aller au cinéma avec moi voir des comédies, genre Les deux cloches, car j’étais souvent la seule baboune à grommeler « c’est drôle, ça ? ».

CLIENTÈLE EXIGEANTE

Le Bye Bye ne peut plaire à tout le monde. Par exemple, le sketch Passe Partrump a eu moins d’effet sur moi parce que je n’ai pas vu une seule émission de Passe-Partout (même chose pour Occupation double). Je ne connaissai­s pas grand-papa Bi (ou Joanie).

Ce qui ne m’a pas empêchée de trouver drôlissime le gag du bi devenu trans. En passant, sur les réseaux sociaux, plusieurs militants LGBTQ n’étaient pas contents.

Je dirai comme tout le monde que Labrèche et Dorval ont été remarquabl­es, mais les autres aussi. J’adore Pierre Brassard. Patrice L’Écuyer m’épate chaque fois qu’il se glisse dans sa peau de comédien et on ne voit pas assez Véronique Claveau hors des Bye Bye. Et j’avoue avoir un kick sur Simon Olivier-Fecteau.

Mais pour moi, le clou du Bye Bye 2017 fut les textes. Ils avaient plus de profondeur – rien à voir avec la longueur – que ceux des années François Avard, l’auteur des Bougon. C’est bien beau les bons flashs, mais c’est meilleur avec de la viande autour de l’os.

AU-DELÀ DE L’IMAGE

Nous applaudiss­ons les comédiens, les maquillage­s et les décors, mais nous avons rarement un bon mot pour les mots.

Pour les Bye Bye de récente mémoire, beaucoup d’emphase a été mise sur l’emballage visuel. Les fameuses « valeurs de production » du milieu, obsédé par la nécessité – imaginée – d’être aussi bons que les Américains, complexe d’un petit peuple (en nombre) à côté d’un géant (en argent).

Cette année, les maquillage­s étaient meilleurs, parce que moins grotesques, les décors moins élaborés, mais les textes plus solides. Les textes c’est comme le fond de veau : c’est ça qui fait la sauce.

Le meilleur exemple ? Rozit, le sketch sur Gilbert Rozon, inspiré du film It (Ça) inspiré du roman de Stephen King. Plusieurs disent que Rozon l’a eue facile. Oh que non ! La phrase d’Anne Dorval, « T’es un clown dans un égout », suintante de mépris, était parfaite.

MOMENTS PRÉFÉRÉS ?

Mélanie Djoly qui fait exploser des têtes, Pierre Bruneau, Appolo dans l’sirop, Gilbert Chiquotte et son « câlice » bien senti. On a entendu quelques sacres, mais tous étaient justifiés. Les Migrants Games et le lancer du gros colon, pardon, du préjugé. Belle cause pour la cause. Le « à visage découvert » pissant. Labrèche délirant en Céline, mais pas autant qu’elle l’a été elle-même pendant Infoman, aussi excellent cette année. La Meute et son revenant de 2016. District 30+1, Despacito, chanson de merdo. Trois fois ta yeule. Gégnial et bien sûr, Salvail et Couilles.

Quand les mots sont intelligen­ts, les comédiens brillants, la réalisatio­n subtile, on peut rire de n’importe quelle saloperie sans tomber dans le caniveau.

« J’ai appris le morse », c’est dur à battre comme réplique.

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