Enquête sur les allégations à Concordia
Le recteur de l’Université Concordia s’est excusé à plusieurs reprises hier auprès des étudiantes qui auraient subi du harcèlement sexuel et de l’abus de pouvoir par des professeurs et lance une enquête sur ces allégations.
« Je regrette amèrement que des étudiants aient vécu l’expérience troublante qu’ils rapportent », a réagi le recteur Alan Shepard en réaction aux allégations d’inconduites sexuelles qui pèsent sur plusieurs professeurs du programme de création littéraire.
« Ce n’était pas un secret de polichinelle pour moi. Je n’étais pas au courant avant lundi », a assuré M. Shepard, interrogé sur le fait que de telles allégations circulaient depuis plusieurs années.
« PRÉDATION SEXUELLE »
L’Université réagissait ainsi à un essai publié par l’écrivain Mike Spry sur un blogue où il décrit les relations de pouvoir qu’il a vécues et observées alors qu’il était étudiant à Concordia à partir de 2004.
Il fait référence à un « écrivain reconnu » qui est aussi professeur à Concordia et qui « se vante ouvertement de sortir et de coucher avec des étudiants. Il tentait de les manipuler en leur achetant de l’alcool, utilisant le prétexte de vouloir parler de leur art », peut-on lire.
« Si elles refusaient ses avances, il les dénigrait, elles et leur écriture », écrit-il. « Les aspirants écrivains sont constamment remis à leur place. On leur rappelle les bienfaiteurs à qui ils doivent chaque poème édité, chaque livre publié et parcelle d’attention reçue. Pour les femmes, cela se manifeste souvent en prédation sexuelle », résume-t-il.
De façon plus générale, la communauté littéraire canadienne souffre d’une culture de la « masculinité toxique », critique-t-il.
Les étudiants et employés du programme de création littéraire seront rencontrés par la direction de l’Université pour entendre ce qu’ils ont à dire et leur offrir du soutien, a indiqué M. Shepard.
En plus de l’enquête spécifique sur ces allégations, une enquête sera menée à la grandeur de l’Université sur le climat qui y règne. Cette démarche s’inscrit dans les mesures imposées par la ministre Hélène David pour combattre les violences sexuelles sur les campus.
À Concordia, les relations sexuelles sont balisées par un règlement sur les conflits d’intérêts, a expliqué M. Shepard. Un professeur n’a donc pas le droit de développer une relation amoureuse avec un étudiant qu’il évalue, a-t-il illustré.