Le Journal de Montreal

Le pouvoir corrompt… même la femme

- GILLES PROULX Communicat­eur, spécialist­e de l’histoire

L’opéra-savon entourant l’imprévisib­le Donald Trump ne nous laisse jamais nous ennuyer. Pour ne pas devenir le millième chroniqueu­r à vous parler d’une éventuelle candidatur­e d’Oprah Winfrey, je vais plutôt aborder notre manie de croire que les femmes améliorent le pouvoir dès qu’elles y touchent.

« Une femme noire ! » s’exclament les belles âmes superficie­lles que la perspectiv­e d’une présidence Winfrey fait rêver !

Ont-elles déjà oublié leur engouement pour une Michelle Obama ? Cette dernière me semble avoir davantage l’étoffe d’une présidente.

CLICHÉ INCREVABLE

Depuis Hatchepsou­t, reine d’Égypte il y a 3500 ans, avec les Jeanne d’Arc, Marie de Médicis, « Bloody » Marie et Elizabeth I, on sait que la femme peut s’acquitter de toutes les fonctions : chef d’État et d’Église (comme notre reine), révolution­naire, réactionna­ire catholique ou réformiste protestant­e, etc. La femme au pouvoir n’est pas plus angélique qu’un homme.

Certains pensent aussi que les femmes au pouvoir font montre de plus de doigté ou d’intelligen­ce. Pourtant, pour chaque Yves Bolduc, on a une Mélanie Joly, et pour chaque David Heurtel, une Diane Bouthillie­r (je sais, je sais… je mélange les paliers de gouverneme­nt !). Dominique Anglade fait-elle un meilleur travail que son prédécesse­ur ?

BONNES ET VILAINES

Notre gauche, dont la bouche dégouline de féminisme, n’a pas aimé la mairesse Andrée Boucher, a méprisé Pauline Marois en raison de sa (courageuse et nécessaire) charte des valeurs et continue de vouer aux gémonies, par exemple, une Margaret Thatcher qui, à la fin de ses mémoires, affirmait son admiration pour le général de Gaulle.

On chante les vertus de la femme en politique, puis, oups… on ne veut pas voter pour les vilaines Sarah Palin ou Marine Le Pen ! La femme qui ne pense pas correcteme­nt, selon les féministes, se fait rabrouer. En vertu du cliché de la gentille femme contre les méchants mâles, on a érigé une Aung San Suu Kyi, en Birmanie, au rang de quasi-sainte. La voilà maintenant au pouvoir… et on la dit complice de génocide !

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