Le Journal de Montreal

Islamophob­es ? Non coupables !

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

À l’approche du premier anniversai­re de la tuerie à la mosquée de Québec, la pression se fait sentir pour faire du 29 janvier une journée contre l’islamophob­ie.

Certaines associatio­ns musulmanes l’exigent. Naturellem­ent le Parti libéral comme Québec solidaire, les partis frères du multicultu­ralisme canadien version Québec, s’y rallient.

Chacun a ses raisons.

ATTENTAT

Le PLQ n’a pas de référendum à se mettre sous la dent pour sa campagne de peur aux prochaines élections. Il a besoin d’une nouvelle stratégie. Pour cela, il a décidé de se présenter comme le gardien des minorités menacées par l’intoléranc­e de la majorité historique francophon­e.

Quant à QS, comme la plupart des partis associés à la gauche radicale, il croit que l’identité nationale est régressive et que les minorités sont automatiqu­ement vertueuses.

Tout le monde en convient : l’attentat de la mosquée de Québec était d’une horreur absolue. C’était un carnage, un acte barbare qui a endeuillé toute une nation.

Mais malheureus­ement, depuis un an, le lobby multicultu­raliste a cherché à récupérer l’attentat pour le mettre au service de son idéologie. C’était l’heure de la culpabilit­é par associatio­n.

On a voulu expliquer l’attentat par le débat sur la laïcité et l’identité. On y a vu la conséquenc­e du débat sur la Charte des valeurs. La société québécoise serait traversée par une intoléranc­e profonde qui pousserait non seulement à la discrimina­tion, mais au meurtre.

Notre débat démocratiq­ue libérerait les passions criminelle­s.

Le Québec serait islamophob­e. Il faudrait même ritualiser cette accusation en lui consacrant une journée officielle par année. Ce serait une journée de pénitence collective.

Mais il faut le redire, le concept d’islamophob­ie fait problème.

Celui qui critique le noyau doctrinal du catholicis­me est-il cathophobe ?

Celui qui rejette le bouddhisme comme spirituali­té est-il bouddhisto­phobe ?

Et que faire de l’athée militant qui rejette toutes les religions et voit dans la croyance religieuse une béquille intellectu­elle pour les esprits faibles ?

Pourquoi faudrait-il que celui qui critique l’islam soit islamophob­e ? L’islam est-il la seule religion qui puisse faire passer ses critiques pour des individus haineux, dangereux et malveillan­ts ?

À moins qu’il ne faille accuser d’islamophob­ie ceux qui constatent la très difficile intégratio­n des communauté­s musulmanes dans le monde occidental. Doit-on aussi comprendre que ces difficulté­s s’expliquent seulement par l’hostilité des sociétés d’accueil ?

ACCUSATION­S

L’évidence s’impose : le concept d’islamophob­ie est bancal et ne doit pas être consacré officielle­ment. Sa définition est tellement floue qu’il peut servir à toutes les sauces.

S’il existe une telle chose qu’un très regrettabl­e sentiment antimusulm­an dans nos sociétés, il demeure marginal. On ne saurait s’appuyer sur lui pour justifier le procès d’un peuple.

On en revient à l’essentiel. Nous sommes à un moment de notre histoire où c’est l’existence même du peuple québécois qui est remise en question. On l’accuse de racisme, de xénophobie, d’islamophob­ie, d’anglophobi­e. On le pousse à se reconnaîtr­e dans ce portrait.

Il n’est pas obligé de collaborer à sa propre mise en accusation.

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Le concept d’islamophob­ie fait problème.

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