Le Journal de Montreal

Québecor Média demande une injonction contre Juste pour rire

L’entreprise fondée par Gilbert Rozon contestera cette demande devant les tribunaux

- MICHAËL NGUYEN

Québecor Média vient de saisir les tribunaux pour faire respecter une entente concernant la vente éventuelle de Juste pour rire par Gilbert Rozon, dans la foulée du mouvement #MoiAussi.

« Il est nécessaire d’intervenir avant qu’une transactio­n de plusieurs dizaines de millions de dollars, qui serait nulle et illégale, ne soit conclue », peut-on lire dans le document de cour déposé hier au palais de justice de Montréal.

Québecor Média [QMI], qui est entre autres propriétai­re du Journal de Montréal et du Journal de Québec, cherche ainsi à faire respecter son « droit de première offre » concernant la mise en vente de l’entreprise.

Le fait est que QMI, depuis 2012, a versé plus de 45 millions $ à Juste pour rire, en vertu de plusieurs partenaria­ts et commandite­s. Et il était stipulé dans le contrat qu’en cas de vente de l’entreprise, Juste pour rire devrait faire sa première offre à QMI. Une période de négociatio­n exclusive était aussi prévue.

Si les parties ne s’entendent pas sur la vente de Juste pour rire, cette dernière peut alors être vendue à un tiers « à des conditions qui ne sont pas plus favorables » que les conditions offertes à QMI, indique la demande d’injonction.

À VENDRE

Si Juste pour rire n’était pas à vendre, tout a changé en octobre dernier lorsque Gilbert Rozon a fait l’objet d’allégation­s d’inconduite sexuelle. Plusieurs femmes l’ont dénoncé sur la place publique, ce qui a poussé l’homme d’affaires à se retirer des activités de l’entreprise qu’il a fondée et à vouloir la vendre.

Juste pour rire a alors mandaté le groupe RBC pour chercher un acquéreur. Or, cette démarche est une violation de l’entente, croit Québecor.

« [Juste pour rire] était plutôt tenu de d’abord formuler une offre à QMI », peut-on lire dans la demande d’injonction.

Le 10 décembre dernier, Juste pour rire a fait une offre de vente à QMI, indique le document de cour. Les détails de l’offre, dont le prix, ont toutefois été caviardés dans la demande d’injonction.

MÉSENTENTE

Mais il semble qu’il y ait, depuis, une mésentente quant aux modalités de l’entente entre les deux groupes, si bien que QMI craint que Juste pour rire ne la respecte pas.

« QMI n’a d’autre choix que de s’adresser à [la Cour supérieure du Québec], indique le document judiciaire, puisque, si une vente a lieu sans que l’entente soit respectée, cela pourrait causer des problèmes non seulement à QMI et à Juste pour rire, mais aussi à l’éventuel acheteur. »

Juste pour rire a de son côté affirmé qu’elle défendra son point de vue devant les tribunaux.

« La procédure déposée par Québecor sera contestée par le Groupe Juste pour rire qui la juge manifestem­ent mal fondée, a déclaré dans un courriel au Journal la PDG de l’entreprise, Guylaine Lalonde. Le processus de vente de Groupe Juste pour rire suit son cours normal auprès d’acquéreurs d’ici et d’ailleurs, intéressés par l’entreprise. »

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