Bye bye Un homme et une femme
Vous savez qui doit capoter en ce moment avec toutes les suites du mouvement #moiaussi ? Ce sont les hommes scénaristes. Sur quoi tu es autorisé à écrire, en 2018, par la Ligue de la Vertu ?
Comment parler du désir, de la séduction, du jeu amoureux en cette époque où les hommes et les femmes se regardent en chiens de faïence ? Comment raconter une « grande séduction » quand des « regards insistants » sont considérés comme une agression sexuelle ?
Si Lelouch refaisait Un homme et une femme en 2018, on ne fredonnerait pas Chabadabada sur une musique légère, mais plutôt : « Sans oui, c’est non » sur une musique dramatique.
HOMMES, FEMMES, MODE D’EMPLOI
Cette semaine, à mon émission de radio à BLVD, j’ai interviewé la sexologue Sylvie Lavallée.
Elle aussi, comme moi, aurait signé la lettre de Catherine Deneuve et cie sur les dérapages du mouvement #moiaussi. Elle me racontait que dans sa pratique, elle reçoit de plus en plus d’hommes déboussolés, décontenancés, dont le désir est à plat parce qu’ils ne comprennent plus les codes féminins en matière de sexualité. « Ça les fait débander ? » ai-je demandé à la sexologue. J’ai compris à son rire que j’avais touché une corde sensible.
Alors comment fait-on quand on est scénariste pour écrire des histoires qui vont incorporer à la fois le désir masculin, le désir féminin, le consentement, le polyamour et les LGBTQ2 ? T’as envie de faire une version moderne de L’homme qui
aimait les femmes ? Oublie ça, mon homme ! Tes tellement « hétérocentriste » !
LA GAUCHE-FICTION
Cette semaine, une chroniqueuse du Devoir écrivait que le
Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve était un film « supra macho », « le film-culte d’un certain imaginaire masculin qui tourne à vide », un film peuplé de « belles pépées intergalactiques », et même « le fantasme adolescent à son meilleur ». Tout ça parce que le personnage de Ryan Gosling a des fantasmes avec des bimbos virtuelles. Ouache, le désir masculin, que c’est laid, dégoûtant !
Le problème de la gauche est toujours le même : elle voit l’être humain tel qu’elle voudrait qu’il soit au lieu de le voir tel qu’il est.
S’il y a des amateurs de porno, de poupées gonflables ou de filles aux gros nichons en 2018, pourquoi n’y en aurait-il pas en 2049 dans le film de Villeneuve ?
LA GUERRE DES SEXES
Toujours au sujet de #moiaussi, j’ai été estomaquée de lire cette semaine dans La Presse la mention que la majorité des enquêtes sur les inconduites sexuelles ont été menées par des femmes.
Ouains, pis ? Quelle importance que le scoop soit signé Jacques ou Jacqueline ?
Est-ce que l’enquête d’un homme, Ronan Farrow, publiée dans le New Yorker sur Harvey Weinstein, est moins dévastatrice que l’enquête, publiée dans le New York Times, par deux femmes journalistes ?
Depuis quand le sexe des journalistes est un critère important quand on parle d’un scoop ?
À ce compte-là, faut-il rappeler que ce sont des hommes journalistes qui ont mené une enquête de longue haleine sur Jian Ghomeshi, la plus grosse histoire de scandale sexuel au Canada, bien avant Rozon et Salvail ?