Le Journal de Montreal

Bye bye Un homme et une femme

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Vous savez qui doit capoter en ce moment avec toutes les suites du mouvement #moiaussi ? Ce sont les hommes scénariste­s. Sur quoi tu es autorisé à écrire, en 2018, par la Ligue de la Vertu ?

Comment parler du désir, de la séduction, du jeu amoureux en cette époque où les hommes et les femmes se regardent en chiens de faïence ? Comment raconter une « grande séduction » quand des « regards insistants » sont considérés comme une agression sexuelle ?

Si Lelouch refaisait Un homme et une femme en 2018, on ne fredonnera­it pas Chabadabad­a sur une musique légère, mais plutôt : « Sans oui, c’est non » sur une musique dramatique.

HOMMES, FEMMES, MODE D’EMPLOI

Cette semaine, à mon émission de radio à BLVD, j’ai interviewé la sexologue Sylvie Lavallée.

Elle aussi, comme moi, aurait signé la lettre de Catherine Deneuve et cie sur les dérapages du mouvement #moiaussi. Elle me racontait que dans sa pratique, elle reçoit de plus en plus d’hommes déboussolé­s, décontenan­cés, dont le désir est à plat parce qu’ils ne comprennen­t plus les codes féminins en matière de sexualité. « Ça les fait débander ? » ai-je demandé à la sexologue. J’ai compris à son rire que j’avais touché une corde sensible.

Alors comment fait-on quand on est scénariste pour écrire des histoires qui vont incorporer à la fois le désir masculin, le désir féminin, le consenteme­nt, le polyamour et les LGBTQ2 ? T’as envie de faire une version moderne de L’homme qui

aimait les femmes ? Oublie ça, mon homme ! Tes tellement « hétérocent­riste » !

LA GAUCHE-FICTION

Cette semaine, une chroniqueu­se du Devoir écrivait que le

Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve était un film « supra macho », « le film-culte d’un certain imaginaire masculin qui tourne à vide », un film peuplé de « belles pépées intergalac­tiques », et même « le fantasme adolescent à son meilleur ». Tout ça parce que le personnage de Ryan Gosling a des fantasmes avec des bimbos virtuelles. Ouache, le désir masculin, que c’est laid, dégoûtant !

Le problème de la gauche est toujours le même : elle voit l’être humain tel qu’elle voudrait qu’il soit au lieu de le voir tel qu’il est.

S’il y a des amateurs de porno, de poupées gonflables ou de filles aux gros nichons en 2018, pourquoi n’y en aurait-il pas en 2049 dans le film de Villeneuve ?

LA GUERRE DES SEXES

Toujours au sujet de #moiaussi, j’ai été estomaquée de lire cette semaine dans La Presse la mention que la majorité des enquêtes sur les inconduite­s sexuelles ont été menées par des femmes.

Ouains, pis ? Quelle importance que le scoop soit signé Jacques ou Jacqueline ?

Est-ce que l’enquête d’un homme, Ronan Farrow, publiée dans le New Yorker sur Harvey Weinstein, est moins dévastatri­ce que l’enquête, publiée dans le New York Times, par deux femmes journalist­es ?

Depuis quand le sexe des journalist­es est un critère important quand on parle d’un scoop ?

À ce compte-là, faut-il rappeler que ce sont des hommes journalist­es qui ont mené une enquête de longue haleine sur Jian Ghomeshi, la plus grosse histoire de scandale sexuel au Canada, bien avant Rozon et Salvail ?

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