Le Journal de Montreal

Vous pouvez arrêter de capoter

- CLAUDE VILLENEUVE

J’ai eu toute une surprise, à mon retour de vacances. J’ai appris qu’on vivait désormais dans une société où l’on ne peut plus séduire. Il paraît que le simple fait de toucher le genou d’une personne peut nous valoir un emprisonne­ment.

Le choc que ça m’a fait ! Je ne vous dis pas ! Tellement que j’ai effectué une vaste recherche pour en savoir plus.

PAS TROUVÉ

J’ai regardé et j’ai découvert que Harvey Weinstein était pointé du doigt pour avoir abusé de dizaines de femmes et que Kevin Spacey se comportait comme un prédateur sexuel auprès des jeunes hommes depuis plusieurs années.

Certaineme­nt qu’à un moment ou un autre, ils ont adressé un clin d’oeil un peu louche à quelqu’un, mais je crois comprendre que ce n’est pas précisémen­t ce qu’on leur reproche.

J’ai aussi appris qu’on disait d’Éric Salvail qu’il insultait les subordonné­s qui refusaient ses avances et qu’il montrait son pénis au travail. Sur Gilbert Rozon, j’ai su qu’il avait déjà plaidé coupable à une accusation d’agression sexuelle et qu’on allègue qu’il saute littéralem­ent sur les femmes qu’il désire.

Mais des carrières brisées pour un flirt, pas vu.

J’ai également lu des textos qui montraient que l’animateur de radio Gilles Parent avait poursuivi une cour insistante envers une subalterne bien que ses patrons soient intervenus pour la faire cesser. Une actrice reproche notamment au réalisateu­r Sylvain Archambaul­t de l’avoir forcée à tourner une scène osée pour le seul plaisir de ses yeux.

Mais quelqu’un qui a perdu son emploi parce qu’il avait invité une collègue à prendre un verre, je n’en ai pas trouvé.

Et imaginez-vous donc que j’ai découvert quelque chose d’assez incroyable : il y a encore des gens qui se rencontren­t, qui se plaisent et qui décident de coucher ensemble. Parfois pour une nuit, d’autres fois pour la vie.

Oui, oui, ça arrive encore, je vous le dis !

Les maudits fous… Ils ne savent pas ce qui leur pend au nez !

ON A ENCORE LE DROIT

Disons les choses telles qu’elles sont. On a encore le droit de flirter.

Vous pouvez compliment­er une collègue, si tant est que ça n’arrive pas 20 fois par semaine et que ça ne porte pas sur la taille de ses seins ou l’allure de son cul. Vous pouvez encore pousser votre blonde sur le lit pour lui faire une attaque de bisous (et inversemen­t), si ça vous fait rigoler tous les deux.

Ce qui est criminel, c’est de ne pas accepter le refus. Ce qui est de l’abus, c’est d’user de son autorité pour obtenir un consenteme­nt. Ce qui est du harcèlemen­t, c’est l’insistance. Ce qui est déplacé, c’est ce qui met mal à l’aise la personne qui le reçoit.

Gardez ça en tête et vous constatere­z qu’il reste tout l’espace nécessaire pour séduire et pour s’amuser.

La première étape, toutefois, ce serait d’arrêter de capoter avec des interdits qui n’existent pas.

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Il y a encore des gens qui se rencontren­t, qui se plaisent et qui décident de coucher ensemble.

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