Il n’y a aucune trace papier de ce système
Il était particulièrement difficile de prouver la collusion à Longueuil, car il n’y a pas de traces écrites entre les entreprises fautives et les acteurs municipaux, selon le syndic de l’Ordre des ingénieurs du Québec.
« Contrairement à d’autres endroits, il n’y avait aucun courriel entre les participants à la collusion. Tout ce mécanisme fonctionnait par téléphone ou par discussions qui avaient lieu au golf Le Parcours du Cerf, qui appartenait à la Ville », a témoigné Réal Giroux hier, lors de l’audience disciplinaire de l’ex-directeur du génie à Longueuil, Christian Fallu.
« BAIGNAIT DANS L’HUILE »
« De plus, le peu de gens qui auraient essayé de résister à ce système, soit activement ou passivement, se faisait vite tasser », a ajouté le syndic.
« La collusion à Longueuil baignait dans l’huile. C’était un mécanisme qui fonctionnait très, très bien, surtout avec cinq firmes dociles qui se soumettaient au processus. Si quelqu’un mettait un peu de sable dans l’engrenage [...] ça avait l’effet d’importuner plusieurs personnes », a détaillé M. Giroux.
Si Dessau, Consultants S.M., Cima+, Génivar et SNC-Lavalin prenaient toutes part à la collusion à Longueuil, elles ne le faisaient pas à niveau égal, ont aussi révélé MM. Giroux et Fallu.
NIVEAUX D’IMPLICATION
En effet, les cinq firmes étaient divisées en trois « clubs », allant de « A » à «C»(voir tableau). Les membres du club « A », soit Dessau et Consultants S.M., étaient ceux qui étaient les plus impliqués à Longueuil, cotisaient le plus à la caisse du Parti municipal Longueuil et, en l’occurrence, avaient la part du lion des contrats municipaux, a expliqué M. Giroux hier.
S’il a juré ne jamais avoir participé de façon volontaire à la collusion à Longueuil, M. Fallu a tout de même admis hier devant le Conseil de discipline qu’il savait très bien à l’époque que ce système hiérarchique de clubs existait.
Le syndic a d’ailleurs salué la collaboration de M. Fallu à son enquête à Longueuil en précisant que l’ex-directeur de génie a permis à son équipe de mieux comprendre le fonctionnement de la collusion au sein de l’appareil municipal.