Le Journal de Montreal

La nouvelle vache à lait d’Hydro-Québec

Près de 1,7 milliard $ de retombées et 14 000 emplois sont prévus d’ici sept ans

- FRANCIS HALIN

Hydro-Québec entend bien profiter de la manne des centres de données pour s’enrichir en faisant exploser ses ventes d’électricit­é à sa quarantain­e de clients gourmands, confirme une étude de KPMG commandée par la société d’État dont Le Journal a obtenu copie.

« C’est énorme. On pourrait dire que c’est comme le prochain pétrole. Tout ce qui concerne les données est à la mode partout », déclare David Murray, président d’Hydro-Québec Distributi­on, en entrevue avec Le Journal.

Plus de 1027 personnes avaient un emploi direct ou indirect dans l’un des centres de données du Québec en 2016. Ce chiffre pourrait passer à 14 000 en 2025 si le scénario de 1000 mégawatts se concrétisa­it. Les retombées passeraien­t de 117 millions $ à 1677 millions $.

Fin 2016, les centres de données existants avaient une puissance de près de 40 mégawatts, et on estimait que celle-ci passerait à 350 mégawatts. David Murray pense aujourd’hui que la demande est si forte que le scénario de 1000 mégawatts est réaliste.

L’étude de KPMG confirme l’intérêt des géants du web pour l’énergie verte à bas prix du Québec, l’approvisio­nnement énergétiqu­e à faible émission de GES, le climat froid, les lois plus strictes en matière de protection des données et la présence voisine du marché américain.

« Le Québec dispose [...] d’un bassin important de travailleu­rs en TI, ainsi qu’un réseau important d’institutio­ns de support avec spécialisa­tion dans le domaine des technologi­es d’informatio­n (institutio­ns d’enseigneme­nt supérieur, institutio­ns de recherche, organisati­ons de concertati­on...) », peut-on lire dans l’analyse.

BON POUR TOUS

Le numéro 1 d’Hydro-Québec Distributi­on va même jusqu’à dire que les entreprise­s étrangères qui s’installent chez nous font en sorte que les Québécois peuvent continuer d’avoir des tarifs d’électricit­és bas. « Ces ventes additionne­lles là aident à garder nos tarifs à l’intérieur des prix à la consommati­on. Discuter tarifs, c’est toujours sensible », reconnaît-il.

Le directeur général des centres de données québécoise­s 4Degrés, Maxime Guévin, salue les tarifs avantageux d’Hy- dro-Québec pour les clients qui ont soif comme lui. Le rabais de 20 % échelonné sur plusieurs années de la société d’État est un gros plus, selon lui.

M. Guévin tient par ailleurs à ce que les règles du jeu restent les mêmes pour tout le monde. « La seule chose que je veux, c’est que si Hydro-Québec offre un taux spécial à Amazon pour les attirer, on doit, nous, comme centre de données québécois, avoir droit à ce même rabais-là », partage-t-il.

PLUIE D’EMPLOIS

Contrairem­ent à une croyance répandue, les centres de données créent de l’emploi, insiste aussi le directeur général de 4Degrés. À preuve, sa société a une vingtaine d’employés dans leur centre de Montréal et aussi à Québec.

« Comme Bombardier qui construit des avions, il y a beaucoup de compagnies qui gravitent autour de cet écosystème-là avec une main-d’oeuvre spécialisé­e », signale l’homme, visiblemen­t passionné par son métier.

L’étude de KPMG semble lui donner raison quand elle cite en exemple la firme française OVH à l’ancienne usine Alcan à Beauharnoi­s qui compte plus de 175 employés.

 ??  ?? Comme plusieurs responsabl­es de centres de données, Maxime Guévin, directeur général de 4Degrés, préfère rester discret sur le lieu de ses installati­ons par mesure de sécurité. PHOTO COURTOISIE
Comme plusieurs responsabl­es de centres de données, Maxime Guévin, directeur général de 4Degrés, préfère rester discret sur le lieu de ses installati­ons par mesure de sécurité. PHOTO COURTOISIE

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