Le Journal de Montreal

En version adaptée pour l’Arabie saoudite

Le cirque québécois a joué devant un public mixte, une première là-bas

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Le Cirque Éloize a contribué à écrire une page d’histoire de l’Arabie saoudite la semaine dernière. Pour la première fois, ce royaume intégriste du Moyen-Orient a permis que des acrobates féminines jouent sur scène, devant un public mixte. Et c’est la création québécoise Cirkopolis, modifiée pour répondre aux normes conservatr­ices du pays, qui a été présentée.

Pour pouvoir se produire là-bas, la compagnie québécoise devait accepter de faire quelques changement­s à son spectacle. « Pour ce qui est des costumes, il a fallu mettre des manches aux femmes et allonger les pantalons, dit le fondateur du Cirque Éloize, Jeannot Painchaud. Elles ne pouvaient pas avoir les bras et les jambes nus. »

Un numéro où une contorsion­niste se faisait porter par cinq hommes a dû être remplacé par une prestation d’une soliste équilibris­te. La raison ? Les hommes et les femmes ne peuvent se toucher sur scène.

Un autre numéro où un clown essayait d’imiter une contorsion­niste a aussi dû être modifié, car les deux artistes se touchaient. « On l’a transformé en duel de trois hommes et trois femmes, dit Jeannot Painchaud. Les hommes essaient d’imiter les contorsion­nistes, sans les toucher. Il y a une espèce de rigolade entre eux. C’est devenu le plus gros succès du spectacle. »

PUBLIC SÉPARÉ

Malgré ces restrictio­ns, Jeannot Painchaud n’a jamais hésité à vouloir emmener son cirque en Arabie saoudite. « Quand tu es invité chez quelqu’un, il y a certaines règles qu’il faut respecter. [...] Ce n’est pas en restant chez vous et en chialant que tu changes le monde. Quand tu as une opportunit­é d’aller dans des pays comme ça plus difficiles, il faut la saisir. »

À Dammam, la semaine dernière, le public était divisé en deux sections : l’une familiale et l’autre pour les hommes seuls. « La troupe m’a dit qu’elle n’a jamais vu une réaction aussi forte ailleurs dans le monde », dit Jeannot Painchaud.

Ce n’est que quelques jours avant Noël que la compagnie québécoise a été approchée pour aller se produire dans cette région du Moyen-Orient. La troupe devait donner trois représenta­tions de Cirkopolis à Dammam, dans une salle de 2000 places, et trois autres dans la capitale Riyad, devant près de 2500 personnes chaque soir.

« C’est un contrat qui est arrivé assez dernière minute, fait remarquer Jeannot Painchaud. Il y a eu quand même des questionne­ments de certains artistes à savoir si c’était une bonne chose d’aller là. Mais je trouvais ça important de peut-être contribuer à changer les mentalités. »

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Les artistes féminines ont dû cacher leurs leurs jambes pour bras et s’adapter aux exigences du pays.
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