#MoiAussi changerait les rapports
Certains hommes se questionnent plus avant d’aborder les femmes, estime une psychologue spécialisée
Les hommes se questionnent davantage sur leurs techniques de séduction alors que les femmes craignent moins de poser leurs limites depuis le mouvement #MoiAussi, constate une spécialiste de la sexualité.
« Ce que je remarque, c’est que les hommes sont plus prudents lorsqu’ils approchent les femmes. Et c’est une bonne chose! » lance la Dre Laurie Betito, psychologue spécialisée en sexothérapie et directrice du Pornhub Sexual Wellness Center.
Rencontrée dans le cadre du Salon de l’amour et de la séduction qui s’arrêtait cette fin de semaine à Montréal, la Dre Betito affirme avoir observé plusieurs changements dans la façon dont les hommes et les femmes vivent leur sexualité depuis la vague de dénonciations de cet automne.
Elle raconte que depuis l’affaire Weinstein, plusieurs hommes l’ont consultée pour savoir quels comportements de séduction sont appropriés.
« Ce que je leur dis, c’est qu’il faut tout simplement apprendre à reconnaître les signes qu’une personne envoie quand elle n’est pas intéressée, et accepter de se faire dire non. Si vous offrez un verre à une femme et qu’elle vous dit “non merci”, respectez cette réponse et n’insistez pas », dit-elle.
LES FEMMES S’AFFIRMENT
« Ça ne veut pas dire que les hommes doivent arrêter de draguer, précise-t-elle. Ils doivent juste apprendre la différence entre séduire et être creepy ! »
Les femmes prennent quant à elles davantage le contrôle de leur sexualité et expriment plus ouvertement leurs désirs, soutient la Dre Laurie Betito.
« Avant, on socialisait les filles en leur disant qu’elles devaient se comporter de façon à se trouver un mari, qu’elles ne devaient pas être dramatiques ou rouspéter. Mais maintenant, les filles apprennent de plus en plus à s’affirmer dans tous les aspects de leur vie », souligne-t-elle.
Selon elle, la véritable égalité des sexes est toutefois encore loin d’être atteinte.
« Encore aujourd’hui, il y a ce double standard qui fait qu’une femme qui prend en charge sa sexualité et son plaisir est jugée ou culpabilisée (slut-shaming), alors qu’un homme qui fait la même chose est acclamé. Ça, ce n’est pas de l’égalité. »
CONSENTEMENT
Des adeptes de BDSM (bondage, discipline, sadomasochisme) se réjouissent également de voir que le mouvement #MoiAussi a ouvert le dialogue sur la notion de consentement. Après tout, les règles préétablies et le consentement sont à la base des pratiques de cette communauté, fait valoir Sara-Jay Bard.
« C’est pour ça qu’on n’aime pas vraiment Fifty Shades of Grey, parce que le dominant se rend au-delà du consentement, au-delà des limites de la personne soumise, ce qui va totalement à l’encontre des principes du BDSM », dit cette adepte.
« En réalité, la personne qui a le contrôle, c’est la personne qui reçoit, pas celle qui domine, poursuit-elle. Parce que c’est elle qui peut retirer son consentement à n’importe quel moment. »