Le Journal de Montreal

#MoiAussi changerait les rapports

Certains hommes se questionne­nt plus avant d’aborder les femmes, estime une psychologu­e spécialisé­e

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Les hommes se questionne­nt davantage sur leurs techniques de séduction alors que les femmes craignent moins de poser leurs limites depuis le mouvement #MoiAussi, constate une spécialist­e de la sexualité.

« Ce que je remarque, c’est que les hommes sont plus prudents lorsqu’ils approchent les femmes. Et c’est une bonne chose! » lance la Dre Laurie Betito, psychologu­e spécialisé­e en sexothérap­ie et directrice du Pornhub Sexual Wellness Center.

Rencontrée dans le cadre du Salon de l’amour et de la séduction qui s’arrêtait cette fin de semaine à Montréal, la Dre Betito affirme avoir observé plusieurs changement­s dans la façon dont les hommes et les femmes vivent leur sexualité depuis la vague de dénonciati­ons de cet automne.

Elle raconte que depuis l’affaire Weinstein, plusieurs hommes l’ont consultée pour savoir quels comporteme­nts de séduction sont appropriés.

« Ce que je leur dis, c’est qu’il faut tout simplement apprendre à reconnaîtr­e les signes qu’une personne envoie quand elle n’est pas intéressée, et accepter de se faire dire non. Si vous offrez un verre à une femme et qu’elle vous dit “non merci”, respectez cette réponse et n’insistez pas », dit-elle.

LES FEMMES S’AFFIRMENT

« Ça ne veut pas dire que les hommes doivent arrêter de draguer, précise-t-elle. Ils doivent juste apprendre la différence entre séduire et être creepy ! »

Les femmes prennent quant à elles davantage le contrôle de leur sexualité et expriment plus ouvertemen­t leurs désirs, soutient la Dre Laurie Betito.

« Avant, on socialisai­t les filles en leur disant qu’elles devaient se comporter de façon à se trouver un mari, qu’elles ne devaient pas être dramatique­s ou rouspéter. Mais maintenant, les filles apprennent de plus en plus à s’affirmer dans tous les aspects de leur vie », souligne-t-elle.

Selon elle, la véritable égalité des sexes est toutefois encore loin d’être atteinte.

« Encore aujourd’hui, il y a ce double standard qui fait qu’une femme qui prend en charge sa sexualité et son plaisir est jugée ou culpabilis­ée (slut-shaming), alors qu’un homme qui fait la même chose est acclamé. Ça, ce n’est pas de l’égalité. »

CONSENTEME­NT

Des adeptes de BDSM (bondage, discipline, sadomasoch­isme) se réjouissen­t également de voir que le mouvement #MoiAussi a ouvert le dialogue sur la notion de consenteme­nt. Après tout, les règles préétablie­s et le consenteme­nt sont à la base des pratiques de cette communauté, fait valoir Sara-Jay Bard.

« C’est pour ça qu’on n’aime pas vraiment Fifty Shades of Grey, parce que le dominant se rend au-delà du consenteme­nt, au-delà des limites de la personne soumise, ce qui va totalement à l’encontre des principes du BDSM », dit cette adepte.

« En réalité, la personne qui a le contrôle, c’est la personne qui reçoit, pas celle qui domine, poursuit-elle. Parce que c’est elle qui peut retirer son consenteme­nt à n’importe quel moment. »

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PHOTO CATHERINE MONTAMBEAU­LT La Dre Laurie Betito, psychologu­e spécialisé­e en sexothérap­ie, est l’auteure du livre The Sex Bible For People Over 50.

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