Le Journal de Montreal

Le Barys tournera-t-il le dos aux Canadiens ?

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Le Barys d’Astana a été mentionné souvent dans cette chronique, et pour une bonne raison. Pendant un long moment, l’équipe kazakhe a été reconnue comme la plus accueillan­te de la Ligue continenta­le de hockey pour les joueurs nord-américains.

En tant que club basé à l’extérieur de la Russie, le Barys ne doit pas se soumettre à la limite stricte de joueurs étrangers et profite du financemen­t d’une société d’État, ce qui permet de viser les meilleurs athlètes.

Les étrangers apprécient de leur côté Astana. Les Kazakhs sont chaleureux et prompts à vouloir impression­ner les visiteurs. Ce ne serait pas exagéré de dire que les Canadiens Kevin Dallman et Nigel Dawes sont les joueurs les plus populaires de l’histoire du hockey kazakh.

Une telle popularité a toutefois ses mauvais côtés. La vie au Kazakhstan, dirigé par un dictateur digne de l’époque soviétique, n’est pas faite pour tout le monde.

Quelques particular­ités culturelle­s peuvent être trop exotiques. Un joueur m’a dit que boire du lait de jument fermenté était une expérience difficile pour l’estomac (imaginez un lait frappé avec de la vodka) et un autre s’est plaint des conducteur­s kazakhs et a juré de ne plus jamais prendre place derrière un volant à Astana. Puis, bien sûr, il y a eu ce scandaleux sacrifice animal lors d’un entraîneme­nt récent, sur lequel j’ai écrit il y a deux semaines.

DALLMAN A DÛ PARTIR

Et, bien qu’anxieux de couvrir les étrangers de mauvaises intentions, les Kazakhs peuvent être très sensibles à ce qu’ils perçoivent comme un manque de respect ou de gratitude. La femme de Dallman est devenue le centre d’une tempête médiatique après avoir critiqué la vie dans un État totalitair­e sur les médias sociaux.

Les remarques de Stacy sur la cruauté animale, l’eau colorée du robinet et la signalisat­ion routière qui porte à confusion ont fait la une des médias kazakhs.

Après cette histoire, Dallman, possibleme­nt le meilleur défenseur à jouer au pays depuis la fin de l’ère soviétique, a été forcé de quitter le Kazakhstan pendant deux ans. Il a joué deux saisons avec le SKA de Saint-Pétersbour­g avant de revenir.

Surtout, même si les étrangers obtiennent des rôles importants et toutes les chances de réussir, il y a fort à parier qu’ils seront les premiers blâmés en cas d’échec. Ça semble être le cas présenteme­nt, alors que le Barys est en voie de rater les séries éliminatoi­res pour une deuxième fois seulement depuis qu’il s’est joint à la KHL.

L’équipe a déjà congédié son entraîneur, mais la situation ne s’est pas améliorée depuis, et les boucs émissaires (ne pas confondre avec les agneaux sacrifiés) sont les étrangers, évidemment.

Le Barys est une grosse équipe qui investit beaucoup pour des joueurs nord-américains. Mais lorsque les vedettes se blessent et ralentisse­nt, personne ne peut prendre la relève. Les gens assument alors que les étrangers sont les principaux responsabl­es.

TROIS JOUEURS BLÂMÉS

Tout juste après la pause du match des étoiles, le Barys s’en est publiqueme­nt pris à trois joueurs étrangers, les laissant de côté pour entamer un voyage sur la route. James Wright et Matt Frattin ont été visés, mais certaineme­nt pas autant que Linden Vey, le troisième pointeur de la ligue, qui a participé au match des étoiles.

En fait, selon le Sport-Express, pendant que Vey représenta­it l’équipe au match des étoiles, les têtes dirigeante­s songeaient à mettre fin à son contrat. Le Barys est passé à l’acte jeudi en se séparant de son meilleur pointeur.

Les discussion­s du moment à Astana portent sur un changement de philosophi­e de l’équipe, qui pourrait maintenant favoriser les joueurs originaire­s du pays. Dawes, qui est une légende dans le pays et qui possède la nationalit­é kazakhe, est un intouchabl­e, et l’équipe pourrait tenter de ramener Dustin Boyd, qui évolue présenteme­nt avec le Dynamo de Moscou, lui qui possède également le passeport kazakh. Le reste des Canadiens devraient partir.

Au moins, le gouverneme­nt kazakh n’aurait plus à s’en faire des femmes nord-américaine­s agaçantes et de leur vision inéquitabl­e de ce pays d’Asie.

UNE OPÉRATION POUR PARÉ

Francis Paré, un ancien de la Ligue de hockey junior majeur du Québec qui a passé sept années dans l’organisati­on des Red Wings de Detroit et qui évolue présenteme­nt avec l’Avtomobili­st d’Iekaterinb­ourg, a subi une blessure terrible la semaine dernière contre le CSKA de Moscou.

Après avoir reçu un bâton au visage, la rétine de Paré s’est endommagée et, selon l’entraîneur Vladimir Krikunov, il a perdu la vue d’un oeil.

Heureuseme­nt, cette situation ne semble pas permanente puisque l’ailier canadien a informé les partisans, par l’entremise d’un tweet en russe sur le compte de l’équipe, que son oeil se portait mieux, mais qu’une interventi­on chirurgica­le sera nécessaire.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Nigel Dawes, une légende du Barys d’Astana, devrait garder son poste avec cette équipe kazakhe, mais il semble qu’elle fera de moins en moins appel à des joueurs nord-américains.
PHOTO D’ARCHIVES Nigel Dawes, une légende du Barys d’Astana, devrait garder son poste avec cette équipe kazakhe, mais il semble qu’elle fera de moins en moins appel à des joueurs nord-américains.

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