Le Journal de Montreal

La SQ n’a pu répondre à plus de 2000 appels

- Frédérique Giguère FGiguereJD­M

« À UN MOMENT DONNÉ, IL VA Y AVOIR UN MORT QUELQUE PART »

Plus de 2000 appels d’urgence logés à la centrale de la Sûreté du Québec qui dessert la grande région de Montréal sont demeurés sans réponse depuis la période des Fêtes à la suite d’une réorganisa­tion du travail des répartiteu­rs.

« Un moment donné, il va y avoir un mort quelque part », lance un opérateur exaspéré exigeant l’anonymat pour protéger son emploi.

La situation est particuliè­rement problémati­que à l’établissem­ent de Mascouche, indique Michel Girard, porte-parole du Syndicat de la fonction publique et parapubliq­ue du Québec (SFPQ). Ce centre dessert un immense territoire de la Sûreté du Québec (SQ), soit les Laurentide­s, Montréal, Laval et les autoroutes de Lanaudière et de la Montérégie.

Le travail des préposés consiste à répondre aux appels logés au *4141 et à avertir le ministère des Transports et les remorqueur­s lors d’un accident. Ils doivent aussi assister les patrouille­urs sur les ondes et répartir tous les policiers sur leur territoire.

« Autrement dit, si je ne suis pas là, il n’y a pas de policier de la SQ », illustre un répartiteu­r.

Depuis les grands froids du temps des Fêtes, les employés des centres ont raté en moyenne 200 appels par jour, selon une estimation du syndicat.

RÉPONDRE

Bien qu’elle admette que des améliorati­ons doivent être faites, la SQ n’arrive pas au même calcul. Elle admet que plus de 2000 appels ont été ratés depuis la même période, mais cela correspond plutôt à une moyenne d’environ 80 appels par jour.

« Là-dedans, il y a des gens qui raccrochen­t au bout de quelques secondes parce qu’ils n’ont plus affaire à la police, et il y a aussi des journées de tempête où on a un nombre exceptionn­el d’appels », a indiqué le lieutenant Jason Allard, porte-parole de la SQ.

Quoi qu’il en soit, la loi exige que l’on réponde à tous les appels d’urgence, ceux logés au *4141 inclus. Quant au délai, un préposé est censé décrocher la ligne en moins de 10 secondes dans au moins 90 % des cas, ce qui est loin d’être respecté selon les préposés.

« Il y a des appels vraiment urgents qui entrent au *4141. Les gens sont de plus en plus familiers avec le service. Je reçois des violences conjugales et des suicidaire­s aussi sur cette ligne-là, indique l’opérateur anonyme. On ne le saura jamais, si les appels perdus étaient des cas comme ça. »

La SQ indique n’avoir reçu aucune plainte de citoyens à cet effet.

« HUMAINEMEN­T IMPOSSIBLE »

Les problèmes sont principale­ment dus à une réorganisa­tion du territoire. Il y a un peu moins d’un an, les MRC de Lanaudière desservies par la SQ sont devenues la responsabi­lité des préposés de l’établissem­ent de Trois-Rivières.

Pour répondre à la demande, deux postes de travail de Mascouche ont été transférés à Trois-Rivières. Le problème, explique le syndicat, c’est que quelques mois plus tard, tout le territoire autoroutie­r de la Montérégie a été redirigé vers le centre de Mascouche, mais aucun poste supplément­aire n’a été créé.

« La charge de travail est plus grosse qu’avant et ils enlèvent des ressources, dénonce M. Girard. Les employés ne fournissen­t plus, ils sont débordés et ils ratent énormément d’appels, c’est juste humainemen­t impossible de répondre à tous les appels. »

– Un opérateur anonyme

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PHOTO COURTOISIE SÛRETÉ DU QUÉBEC Dans les centres d’appels d’urgence de la SQ comme celui-ci, les répartiteu­rs répondent aux appels logés au *4141, coordonnen­t le déploiemen­t des effectifs policiers et assurent le lien avec le ministère des Transports et les remorqueur­s.
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JASON ALLARD Lieutenant SQ

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