Le Journal de Montreal

Des gens d’affaires préfèrent se payer un chauffeur retraité

Ils évitent ainsi de se ruiner en se déplaçant en avion et en perdant du temps de travail RIVIÈRE-DU-LOUP | Des gens d’affaires du Bas-Saint-Laurent choisissen­t d’embaucher un retraité pour les conduire en voiture à Montréal ou à Québec, plutôt que de pr

- STÉPHANIE GENDRON

Hugo Dubé, PDG de Servlinks Communicat­ion à Rivière-du-Loup, engage un retraité pour conduire lorsqu’il doit aller à Montréal.

« Pendant le trajet, je travaille, je peux avancer mes dossiers, parler fort au téléphone, ce que je ne peux pas faire dans l’autobus. Ça peut avoir l’air un peu prétentieu­x d’avoir un chauffeur, mais sinon je perds neuf heures sur la route aller-retour. Le retour sur l’investisse­ment est là. Et quand je reviens, je suis fonctionne­l pour travailler », ajoute celui qui débourse en moyenne 200 $ aller-retour pour payer son chauffeur.

Cette pratique est de plus en plus répandue. D’une part, les gens d’affaires ne veulent pas payer un billet d’avion très cher. D’autre part, certains évitent les risques que l’avion n’atterrisse pas en raison des conditions météorolog­iques.

Le Journal révélait hier qu’il était moins dispendieu­x d’aller en Chine qu’à Gaspé en partant de Montréal, un non-sens pour les gens d’affaires.

UNE ÉPINE POUR LA BUSINESS

Les entreprene­urs des régions plus éloignées partent souvent désavantag­és comparativ­ement aux entreprise­s situées près des villes lorsque vient le temps de soumission­ner pour un projet.

Le Groupe G7 à Sept-Îles dépense plus de 100 000 $ en déplacemen­ts par année, surtout vers Montréal et Québec.

« Pour vous donner un exemple, suite à une soumission publique, on nous convoque à Montréal pour une clarificat­ion. On doit y aller à trois employés. Avec l’avion, le taxi, les repas et l’hôtel, j’en ai pour 4500 $ », illustre Steve Guillemett­e, président de la compagnie.

Pour obtenir le contrat, il doit quand même proposer un prix moins cher que celui de l’entreprise concurrent­e basée près de Montréal et qui n’a pas ces frais.

RECRUTEMEN­T

C’est aussi une embûche au recrutemen­t, constate le directeur de la Chambre de commerce de Sept-Îles.

« Juste aller rencontrer un employé potentiel à Montréal, et ensuite l’amener ici pour lui montrer la ville, ce sont des frais importants de billets d’avion », dit Paul Lavoie.

Ce dernier estime que l’interventi­on de l’État est de mise.

« Au minimum, la subvention pour les gens dans les régions éloignées devrait être appliquée à Sept-Îles. Ça s’arrête à Sept-Îles actuelleme­nt alors que ça nous coûte une fortune », ajoute M. Lavoie.

Une partie de leurs billets d’avion est remboursée, à près de 30 %, jusqu’à un maximum annuel pour quelques régions éloignées, dont le Nord-du-Québec, les Îles-de-la-Madeleine et la Basse-Côte-Nord, entre autres.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, STÉPHANIE GENDRON Hugo Dubé n’hésite pas à faire appel à un chauffeur pour se rendre à Montréal ou à Québec, afin de rentabilis­er son déplacemen­t profession­nel.

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