Le Journal de Montreal

UN MOIS DANS LA PEAU D’UNE PROF SUPPLÉANTE

Épuisant Découragea­nt Stressant

- Marie-Christine Noël est reporter vidéo au site internet Tabloïd et pour notre Bureau d’enquête.

Élèves en crise, classes surchargée­s, insultes, épuisement et parfois même menaces : les professeur­s et les suppléants du Québec ont la vie dure. Près de 25 % des nouveaux enseignant­s quittent la profession après moins de cinq ans*, et d’autres tombent en burn-out. Pour témoigner de leur réalité de l’intérieur, la reporter Marie-Christine Noël s’est fait embaucher incognito comme suppléante pendant un mois. Voici son récit :

Novembre. Une première bordée de neige tombe sur le Québec. Le téléphone sonne à 7 h 30 pour un premier remplaceme­nt en éducation physique dans une école au nord de Montréal. Le cours commencera avec du retard, jusqu’à mon arrivée à la hâte. Dans le gymnase, une dizaine d’élèves de 6e année surexcités se chamaillen­t avec des ballons de basketball. Bref, la tempête semble s’être invitée à l’intérieur des murs de l’école. Cette première journée donnera le ton au reste de mon expérience. Sans diplôme en enseigneme­nt, mais détenant un baccalauré­at, je fais des remplaceme­nts dans sept écoles primaires et deux secondaire­s à la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord (CSRDN), dans les Laurentide­s. Mon objectif : lever le voile sur les conditions de travail difficiles des enseignant­s qu’on m’a décrites, mais surtout de ceux qui font de la suppléance, souvent un passage obligé avant d’obtenir un poste régulier. C’est une pénurie de professeur­s qui force les commission­s scolaires à recruter du personnel sans formation comme moi. Selon Nadyne Brochu, directrice des communicat­ions de la CSRDN, « les deux grands enjeux dans le milieu scolaire sont le recrutemen­t et la rétention [du personnel] ». Pour être embauché comme suppléant, il faut toutefois détenir un baccalauré­at et n’avoir aucun casier judiciaire. C’était mon cas. Mon inscriptio­n sur la liste des suppléants s’est faite selon les règles de l’art, sans changer de nom et en suivant la même démarche que tous les aspirants enseignant­s.

Elle présente ci-contre les faits saillants de quatre semaines de suppléance. Pour plus de détails, allez voir son reportage vidéo sur notre site internet jdem.com/ suppleante.

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PHOTOS MARIE-CHRISTINE NOËL Cette jeune fille dans une classe du primaire a eu besoin de toute l’attention de notre journalist­e pour comprendre un exercice de mathématiq­ues.
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PHOTOS MARIE-CHRISTINE NOËL 1. Marie-Christine Noël a passé un mois comme enseignant­e suppléante dans neuf écoles des Laurentide­s. 2. Ce local était complèteme­nt saccagé après un cours d’arts plastiques. Malgré les demandes répétées, les élèves ont refusé de ramasser les déchets...

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