Le Journal de Montreal

Grosse victoire de Bombardier

Les Américains annulent la surtaxe de 292 % sur la C Series, au grand dam de Boeing

- PHILIPPE ORFALI — Avec la collaborat­ion de Patrick Bellerose, Bureau parlementa­ire

Surprise de taille : à l’unanimité, la Commission du commerce internatio­nal (ITC) des États-Unis a rejeté hier la plainte déposée par Boeing contre Bombardier et les avions C Series de la québécoise.

À la suite d’une enquête menée par l’ITC, un rapport avait recommandé l’imposition d’une surtaxe de 292 % pour chaque avion C Series vendu aux États-Unis. L’enquête faisait suite à une autre, menée par le Départemen­t du commerce (DOC), qui arrivait aux mêmes conclusion­s.

Or, hier, les commissair­es républicai­ns et démocrates ont tous voté en faveur de Bombardier.

REVIREMENT « EXTRÊMEMEN­T RARE »

L’ITC conclut « n’avoir trouvé aucune menace matérielle de dommage » à l’encontre de Boeing, qui prétendait que Bombardier avait vendu ses avions aux ÉtatsUnis à des prix « dérisoires » et qu’elle avait ainsi été pénalisée. ou C’est presque donc pour une Bombardier victoire sur qui toute maintient la ligne depuis le début qu’elle n’est pas plus subvention­née par l’État que ses compétiteu­rs, et que ses avions ont été vendus à des prix de lancement « normaux ».

La plupart des analystes s’attendaien­t pourtant largement à ce que l’ITC appuie la décision du DOC. La nouvelle a « pris tout le monde de court », selon des sources avec qui Le Journal s’est entretenu. « Il est extrêmemen­t rare que les décisions de l’ITC soient ainsi renversées », a indiqué une source gouverneme­ntale.

VENDU TROP VITE À AIRBUS ?

La probabilit­é que Bombardier soit condamnée avait joué un rôle majeur dans la décision de l’entreprise de céder une majorité de son programme C Series à Airbus, à l’automne. Philippe Couillard estime toutefois que la transactio­n était nécessaire. «De toute façon, ce programme-là ne pouvait pas continuer sans un immense partenaria­t stratégiqu­e. […] Ça prenait absolument un partenaire stratégiqu­e et les choix ne sont pas infinis », a-t-il dit. Une opinion partagée par Karl Moore, professeur de stratégie à l’Université McGill spécialisé dans le dossier. « Vendre à Airbus, c’était la bonne chose à faire hier, et ce l’est aujourd’hui. Cette décision le démontre. L’engagement d’Airbus et Bombardier à créer une ligne d’assemblage de la C Series en Alabama pour réconforte­r les autorités américaine­s a sans aucun doute joué un rôle dans la décision de l’ITC. » Les motifs précis de cette décision ne seront toutefois rendus publics que le 12 février. « C’est une victoire pour l’innovation, la concurrenc­e et la primauté du droit », a réagi Bombardier.

Boeing affirme être « déçu que l’ITC n’ait pas reconnu les dommages subis à cause des milliards de subvention­s gouverneme­ntales illégales que Bombardier a reçues pour larguer des avions sur le marché américain. Ces violations ont nui à l’industrie aérospatia­le et nous subissons tous les jours les effets de ces pratiques commercial­es injustes », a indiqué un porte-parole. « Nous n’en resterons pas là. »

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Les avions C Series de Bombardier, comme ce CS 100 à l’aéroport de Mirabel, ne seront pas surtaxés aux États-Unis, a annoncé hier la Commission du commerce internatio­nal américaine. Boeing a déjà fait savoir qu’elle n’en restera pas là.

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