Grosse victoire de Bombardier
Les Américains annulent la surtaxe de 292 % sur la C Series, au grand dam de Boeing
Surprise de taille : à l’unanimité, la Commission du commerce international (ITC) des États-Unis a rejeté hier la plainte déposée par Boeing contre Bombardier et les avions C Series de la québécoise.
À la suite d’une enquête menée par l’ITC, un rapport avait recommandé l’imposition d’une surtaxe de 292 % pour chaque avion C Series vendu aux États-Unis. L’enquête faisait suite à une autre, menée par le Département du commerce (DOC), qui arrivait aux mêmes conclusions.
Or, hier, les commissaires républicains et démocrates ont tous voté en faveur de Bombardier.
REVIREMENT « EXTRÊMEMENT RARE »
L’ITC conclut « n’avoir trouvé aucune menace matérielle de dommage » à l’encontre de Boeing, qui prétendait que Bombardier avait vendu ses avions aux ÉtatsUnis à des prix « dérisoires » et qu’elle avait ainsi été pénalisée. ou C’est presque donc pour une Bombardier victoire sur qui toute maintient la ligne depuis le début qu’elle n’est pas plus subventionnée par l’État que ses compétiteurs, et que ses avions ont été vendus à des prix de lancement « normaux ».
La plupart des analystes s’attendaient pourtant largement à ce que l’ITC appuie la décision du DOC. La nouvelle a « pris tout le monde de court », selon des sources avec qui Le Journal s’est entretenu. « Il est extrêmement rare que les décisions de l’ITC soient ainsi renversées », a indiqué une source gouvernementale.
VENDU TROP VITE À AIRBUS ?
La probabilité que Bombardier soit condamnée avait joué un rôle majeur dans la décision de l’entreprise de céder une majorité de son programme C Series à Airbus, à l’automne. Philippe Couillard estime toutefois que la transaction était nécessaire. «De toute façon, ce programme-là ne pouvait pas continuer sans un immense partenariat stratégique. […] Ça prenait absolument un partenaire stratégique et les choix ne sont pas infinis », a-t-il dit. Une opinion partagée par Karl Moore, professeur de stratégie à l’Université McGill spécialisé dans le dossier. « Vendre à Airbus, c’était la bonne chose à faire hier, et ce l’est aujourd’hui. Cette décision le démontre. L’engagement d’Airbus et Bombardier à créer une ligne d’assemblage de la C Series en Alabama pour réconforter les autorités américaines a sans aucun doute joué un rôle dans la décision de l’ITC. » Les motifs précis de cette décision ne seront toutefois rendus publics que le 12 février. « C’est une victoire pour l’innovation, la concurrence et la primauté du droit », a réagi Bombardier.
Boeing affirme être « déçu que l’ITC n’ait pas reconnu les dommages subis à cause des milliards de subventions gouvernementales illégales que Bombardier a reçues pour larguer des avions sur le marché américain. Ces violations ont nui à l’industrie aérospatiale et nous subissons tous les jours les effets de ces pratiques commerciales injustes », a indiqué un porte-parole. « Nous n’en resterons pas là. »