Le Journal de Montreal

Un policier devra aller en prison pour quatre ans

Il s’agit de la peine minimale pour un homicide involontai­re avec une arme à feu

- CLAUDIA BERTHIAUME

Même s’il est décrit comme un policier « d’une droiture exemplaire » et qu’il n’a « jamais voulu enlever une vie », un sergent de la Sûreté du Québec coupable de l’homicide involontai­re d’un ado devra vraisembla­blement se résoudre à passer quatre ans en prison.

Le dernier espoir du policier Éric Deslaurier­s serait que la Cour d’appel renverse le verdict de culpabilit­é rendu par la juge Joëlle Roy en septembre dernier.

Si cela ne se produit pas, le sergent de 46 ans pourrait passer les quatre prochaines années derrière les barreaux, en plus de perdre définitive­ment son emploi.

Il s’agit de la peine minimale dans un cas d’homicide involontai­re impliquant une arme à feu. Ce type de crime peut toutefois être passible de la prison à vie.

POLYVALENT­E

En janvier 2014, le policier de la Sûreté du Québec a localisé une voiture volée dans la cour de la polyvalent­e de Sainte-Adèle.

Le sergent Deslaurier­s a tenté d’empêcher le conducteur, David Huyghes Lacour, de quitter les lieux, mais ce dernier a fait vrombir le moteur de l’auto, faisant craindre au policier pour sa sécurité.

Il a fait feu en direction de l’ado de 17 ans à deux reprises, causant sa mort.

Hier, les avocates de la Couronne et de la défense ont conjointem­ent suggéré à la juge Roy de s’en tenir à la peine minimale.

« Aucune peine de détention, si longue soit-elle, ne ramènera [la victime]. Mais la peine minimale est raisonnabl­e dans les circonstan­ces », a plaidé Me Audrey Mercier-Turgeon, de la Couronne.

DÉVOUÉ À SON MÉTIER

La défense a lu à la Cour des extraits de plusieurs lettres de proches et de collègues du sergent Deslaurier­s, faisant l’éloge de son travail et de son dévouement (voir encadré à droite).

Deux articles de journaux ont également été déposés en preuve pour souligner que le policier comptant 21 ans d’expérience a sauvé la vie de deux personnes dans le cadre de ses fonctions. Il a sauté dans une rivière pour sauver un homme suicidaire, et pénétré dans une maison en flammes afin d’en extirper une occupante.

« J’ai toujours été policier pour aider les personnes et sauver des vies. Je n’ai jamais voulu enlever une vie cette journée-là. J’ai voulu protéger ma propre vie », a témoigné Éric Deslaurier­s hier.

La juge décidera si elle accepte ou non la suggestion commune, le 1er mars.

Jeudi, l’avocate d’Éric Deslaurier­s avait demandé à la magistrate de se retirer du dossier, avant de rendre la sentence.

Me Nadine Touma invoquait une « apparence de partialité », en raison de propos controvers­és tenus par la magistrate avant sa nomination.

« Ça fait je ne sais pas combien de personnes qui se font assassiner en fait par des policiers », a dit Joëlle Roy en 2012.

La juge a rejeté cette requête hier.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE Le policier Éric Deslaurier­s, coupable d’homicide involontai­re, était entouré de nombreux proches et collègues hier, au palais de justice de Saint-Jérôme.
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